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Fausse dent, caverne vide, trafic de dieux. La mémoire préhistorique chez Pierre Michon

Virginie Harvey
couverture
Article paru dans Le temps contemporain: maintenant, la littérature, sous la responsabilité de Jean-François Hamel et Virginie Harvey (2009)

On entend généralement par «préhistoire» la période chrono-logique comprise entre l’apparition de l’homme et celle de l’écriture. Depuis qu’avec Boucher de Perthes et les débuts de l’archéologie se conçoit l’idée de «la très haute antiquité de l’humanité», notre imaginaire, comme un vieux manuel scolaire, accumule les images usées d’homo sapiens repliés dans leur barbe, chassant entre l’homme et le singe du fond de leur caverne humide, découvrant le feu en façonnant le silex. Mais la préhistoire, au-delà du cliché qui la définit et la brouille à la fois, c’est aussi, plus simplement, «ce qui précède l’Histoire, celle de la civilisation humaine, qui commence avec les premières écritures.» Comme le note Dominique Vaugeois dans un article qui traite des liens entre «Le “préhistorique” et l’écriture de la fiction contemporaine», si l’«“histoire”, sans majuscule» est «le produit d’un “récit”», la préhistoire serait «ce qui se place avant l’histoire, c’est-à-dire avant le récit.» Dire cela, c’est admettre qu’il «y aurait […] un paradoxe intrinsèque à tout projet d’écrire la préhistoire, puisqu’elle est ce qui précède la possibilité même de toute histoire.»

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