Conférence, 24 août 2011

Representing the Nuclear Imaginary

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Dans le cadre du 9e congrès international pour l’étude des rapports entre le texte et l’image (AIERTI/IAWIS) qui s’est déroulé à l’Université du Québec à Montréal du 22 au 26 août 2011, John OBrian a présenté une conférence intitulée «Representing the Nuclear Imaginary». L’événement avait lieu à la Cinquième Salle de la Place des Arts le 24 août 2011.«Cette conférence examine des points d’intersection entre les événements nucléaires, l’imaginaire et la photographie depuis 1945. “La possibilité de la fin des temps”, remarquait Hannah Arendt dans son livre Du mensonge à la violence, formait la “première expérience définitive dans le monde” pour la génération des années 1960. Ceux qui sont nés pendant la Seconde Guerre mondiale, ceux qui vécurent lors des bombardements d’Hiroshima et Nagasaki, sont psychologiquement disposés à faire un retour constant au site de cette catastrophe. Mon propre retour s’est effectué surtout par le moyen de textes et de photos. Bien que les chercheurs en physique nucléaire aient de manière générale hésité à en convenir, textes et photos ont aussi joué un rôle dans la formation de leur propre imaginaire. Depuis le projet Manhattan, les menaces associées aux armes atomiques et à l’énergie nucléaire ont été constamment minimisées par les autorités “techno-scientifico-militaro-diplomatiques” (le mot célèbre est de Jacques Derrida), et soustraites à tout examen par le public. Les narrations nucléaires que les photos ont aidé à produire sont rarement simples. Les images des bombes atomiques jumelles “Little Boy” et “Fat Man” circulent encore sinistrement dans nos esprits, tout comme les retombées radioactives générées par Hiroshima, Nagasaki, et par les essais nucléaires subséquents, circulent encore dans nos corps. Une mine canadienne à Port Radium, sur les rives du Grand lac de l’Ours, dans les Territoires du Nord-Ouest, est à l’origine du minerai d’uranium utilisé dans les bombes destinés au Japon. Un autre projet atomique canadien, le réacteur nucléaire CANDU, développé à Chalk River, en Ontario, avec pour mandat la production d’énergie nucléaire à des fins civiles, à servi comme source de plutonium pour le programme d’armement nucléaire de l’Inde. Le champignon atomique, métasymbole du spectacle nucléaire, est enjolivé de contenu canadien. Mais comment figure-t-il dans l’imaginaire canadien? Pour filer la métaphore, la feuille d’érable est-elle estampée sur tout le champignon atomique, ou bien seulement sur une partie?» (John O’Brian)

John O’Brian est professeur d’histoire de l’art et professeur agrégé du Peter Wall Institute for Advanced Studies à l’Université de Colombie-Britannique. Il a abondamment publié sur l’histoire, la théorie et la critique de l’art moderne, s’intéressant en particulier à l’institutionnalisation du modernisme en Amérique du Nord. Dès 2008, pour une période de trois ans, il a dirigé la chaire Brenda et David McLean d’études canadiennes. Pendant son mandat, il a examiné les rapports entre la photographie et l’âge atomique au Canada. Sa recherche s’inscrit dans le cadre de Camera Atomica, un projet de vaste envergure sur la photographie, consacré au nucléaire en Amérique du Nord et au Japon et subventionné par une bourse du Conseil de recherches en sciences humaines du Canada. Camera Atomica est également le titre d’une exposition que John O’Brian prépare pour le Musée des beaux-arts de l’Ontario. Atomic Postcards: Radioactive Messages from the Cold War (Intellect Books), écrit en collaboration avec Jeremy Borsos, a été publié en 2011 pour l’occasion.

Parmi d’autres ouvrages de John O’Brian sur l’institutionnalisation et la réception du modernisme, mentionnons Beyond Wilderness: The Group of Seven, Canadian Identity, and Contemporary Art, dont il a codirigé la publication avec Peter White (McGill-Queen’s University Press, 2007); Ruthless Hedonism: The American Reception of Matisse (University of Chicago Press, 1999); Voices of Fire: Art, Rage, Power, and the State, dont il a codirigé la publication avec Bruce Barber et Serge Guilbaut (University of Toronto Press, 1996); The Flat Side of the Landscape (Mendel Art Gallery, 1989); Degas to Matisse (Abrams et Harvard University Art Museums, 1988), ainsi que David Milne and the Modern Tradition of Painting (Coach House Press, 1983). Il a également été responsable de l’édition en quatre tomes de Clement Greenberg: The Collected Essays and Criticism (University of Chicago Press, 1986 et 1993).

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