Colloque, 7 juin 2018

«True Crime», phallus et conspiration: de la pratique du mockumentary dans la série «American Vandal»

Emmanuelle Leduc
couverture
Pop 2018: Genres, recyclage, franchises, fans, événement organisé par Megan Bédard, Jean-Michel Berthiaume, Catherine Côté, Fanie Demeule, Samuel Archibald, Antonio Dominguez Leiva et Sarah Grenier-Millette

«Il est aisé de remarquer, depuis les dernières années, un intérêt renouvelé, particulièrement aux États-Unis, pour le true crime, genre qui présente des récits de longueurs et de structures variées sur différents médiums, mais dont le point commun est de présenter la narration d’affaires criminelles réelles, le plus souvent de meurtres. De la minisérie The Jinx qui retrace les tribulations sanglantes du milliardaire Robert Durst et ses choquants aveux audio au portrait de la famille Avery et d’un appareil judiciaire corrompu dans Making a Murderer ou au podcast Serial, qui a littéralement remis sur au goût du jour les récits audio, les mises en récit d’affaires criminelles se multiplient frénétiquement sur des médiums divers, soutenus par l’appétit insatiable des téléspectateurs. Consécration ultime du genre au rang de phénomène culturel, le genre possède maintenant sa propre parodie: la série American Vandal diffusée et produite par Netflix. Pendant ses huit épisodes de 30 minutes chacun, American Vandal pousse à l’extrême la reprise parodique de ce genre codifié, en soulignant ces tropes et ces écueils. Est donc mis en scène un enquêteur lambda, un coupable que tout accuse, un récit chronologique officiel qui situe précisément le déroulement du crime et la remise en question conspirationniste de ce récit officiel. Cependant, le crime à résoudre n’est pas un meurtre, mais bien un acte de vandalisme. Les questions qui propulsent le récit ne sont pas “qui a tué et pourquoi”, mais qui est le cerveau derrière les vingt-sept graffitis de phallus rouge peints sur les véhicules du corps enseignant du Hanover High School? Quel est le sens véritable de ces dessins suggestifs? Comment survivre à l’adolescence, période trouble qui est, comme l’évoque un des personnages de la série, “a span of time with more questions than answers?”

Dans cette communication, il s’agira d’analyser les enjeux narratifs de ce mockumentary en examinant ses reprises et ses transgressions face à un genre qui met en scène une des grandes obsessions de la culture populaire, la quête de sens, quel qu’il soit. Il sera également question dans notre présentation du true crime comme vecteur de portrait de société et des dérives du genre, hautement spreadable (Jenkins 2014), à l’ère des pratiques de réappropriation et de diffusion du Web 2.0.» (Texte d’Emmanuelle Leduc)

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