Colloque, 7 juin 2010

L’écriture collaborative: une poétique spécifique du partage

Caroline Lebrec
couverture
Imaginer l’avant-garde aujourd’hui. Enquête sur l’avenir de son histoire, événement organisé par Bertrand Gervais et Sylvano Santini

Processus cognitif complexe, l’écriture collaborative pose la question d’une création «within the mind of more than one creative agent» (Bennett, 2005: 95) où des auteurs évoluent dans un espace à la fois individuel et collectif nécessairement délimité par une règle du jeu. Forme d’une «poétique spécifique du partage» (Kaufmann, 1997: 5), l’écriture collaborative met en place un «système des possibles» (Henriot, 1989: 245) qui se retrouve à la fois multiplié et contraint par la nécessité de suivre des règles (ou contraintes d’écriture) communes.

Le cadavre exquis surréaliste en est un exemple florissant. Entre contrainte syntaxico-numérique et combinaisons sémantiques, l’écriture collaborative y est transparente: l’espace réservé à chaque joueur y est délimité dans la forme même de l’écriture. Mais que l’on regarde du côté de l’écriture automatique des surréalistes (L’immaculée conception, Les champs magnétiques) ou du côté de l’écriture contrainte oulipienne (Eros mélancolique, 2009), l’écriture d’un roman à plusieurs mains soulève de nouveaux enjeux: le texte prend-il la forme d’un collage (plusieurs discours en un avec une énonciation qui juxtapose ses différences) ou suit-il un principe de fusionnement (plusieurs discours en un avec une forme d’énonciation fondue)?

Entre «logique interlocutoire» (de Gaulmyn et al., 2001: 13) et forme de «communi-action» (Idem), l’écriture collaborative n’est pas pour nous un exercice d’effacement des voix même si l’«esthétique communautaire» (Kaufmann, 6) des avant-gardes a parfois cherché à le faire sans trop y parvenir. Nous choisissons la logique interlocutoire d’Eros mélancolique (2009) pour illustrer notre propos et contribuer ainsi au troisième axe (Concept et affects) de ce colloque.

Après avoir obtenu un D.E.A. de littérature comparée à l’Université Paris III-Nouvelle Sorbonne dans le domaine de l’imaginaire francophone, Caroline Lebrec a entrepris un Ph.D en Études françaises à l’Université de Toronto sous la direction du professeur Pascal Michelucci.

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