Colloque, 26 mai 2017

Une rencontre faustienne avec l’adaptation: le médiaturge et les dispositifs numériques mis en scène

Christophe Collard
Ariane Savoie
couverture
Littérature et dispositifs médiatiques: pratiques d’écriture et de lecture en contexte numérique, événement organisé par Chaire de recherche du Canada sur les arts et la littérature numériques ALN et PAI / LMI Literature and Media Innovation

En 2008, le dramaturge et metteur en scène Robert Lepage présentait La Damnation de Faust au New York Metropolitan renouvelant ainsi l’imaginaire d’un opéra bien connu. Après tout, cette adaptation de l’opéra de Berlioz de 1846 a maintes fois été mise à jour depuis sa première représentation en 1999, suivant le développement de nouvelles technologies numériques toujours plus sophistiquées et afin de continuer à créer «de nouveaux environnements pour raconter la même histoire» (Lepage qtd. dans Lampert-Gréaux, 2009). Il est toutefois intéressant de mentionner que bien que le dispositif scénique devenait de plus en plus sophistiqué, le public de Lepage s’étendait (Ventura, 2008). Comme s’il avait fait un pacte diabolique avec la technologie pour ensorceler le public. […] Plus encore, le mythe de Faust s’inscrit lui-même dans un courant transmedial qui aurait sacrifier la soi-disant «fidélité» au texte d’origine sur l’autel de l’incommensurabilité. La flexibilité cognitive nécessaire à l’interprétation de cette pratique artistique ressemble fortement aux procédés constitutifs du sens sur lesquels s’appuie le dramaturge pour sa mise en scène (voir Radosavljevic, 2013). Après tout, coordonner la cohérence conceptuelle d’une production en vient à transposer en pratique un certain «contenu» significatif à travers les divers systèmes sémiotiques qui la constitue. Lepage, par contre, amplifie l’analogie en transcodant à la fois le récit et les variations processuelles sur le thème de l’incommensurabilité dans un lourd dispositif numérique scénographique en mutation perpétuelle. Et alors que le public New Yorkais a applaudi l’adaptation de Lepage, le public français, par exemple, l’a huée. Que le dispositif scénographique parvienne à immerger le public ou non n’est donc plus la question: plutôt que de traiter de l’immersion du public dans l’adaptation, il s’agira de voir comment s’opère dans l’oeuvre de Lepage une immersion de la technique dans le texte, qui lui-même est rendu problématique par sa relation analogique avec l’écriture scénique.

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