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Abel Beauchemin, messie, supplicié et chevalier de l’écriture apocalyptique

Geneviève Baril
couverture
Article paru dans Figures de la fin: approches de l’irreprésentable, sous la responsabilité de Anne Élaine Cliche et Bertrand Gervais (2001)

Alors qu’il est transporté en ambulance au cours d’une nuit d’épouvante qui le recouvre de sa ténèbre, apparemment en transit vers sa mort imminente, Abel Beauchemin, romancier fictif et narrateur du Don Quichotte de la démanche de Victor-Lévy Beaulieu, fait un songe étrange. Rêvant qu’il assiste aux obsèques de son grand-père, Abel se penche sur le cercueil pour mieux comprendre ce que l’aïeul lui dit dans le silence de sa mort: «Qu’y avait-il à comprendre? Grand-père Toine, disait-il. Mais que viennent faire les blancs chevaux de l’Apocalypse là-dedans?» En effet, que comprendre de cette allusion onirique, venue de la bouche scellée du macchabée, à ces bêtes de l’Apocalypse johannique qui surgissent d’une parole outrepassée et qui, dans l’au-delà d’une nuit d’encre et de détresse, absorbe et captive le romancier en le disposant à l’énigme? Ce questionnement -qui n’est certes à ce moment pas fortuit puisqu’il noue à la parole muette du trépassé une figure archétypale de l’Apocalypse- met dès lors en cause un imaginaire morbide de la fin qui prend forme de legs, de tradition, de mystère, de cauchemar, de cadavre et de sentence.

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