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Camus, le flâneur de l’absurde. Une lecture de Noces

Hadj Zitouni
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Article paru dans Les écrivains déambulateurs: poètes et déambulateurs de l’espace urbain, sous la responsabilité de André Carpentier et Alexis L'Allier (2004)

Marcher, se déplacer d’un lieu à un autre, même à reculons, c’est le fait réel de ce mouvement qui fait qu’on avance et évolue dans le temps et dans l’espace. Les plus sages disaient que nous marchons bêtement vers notre mort, vers notre fin et qu’il s’agit d’une chose absurde. Dans Le Mythe de Sisyphe, Camus explique que l’homme peut dépasser sa condition absurde par sa lucidité, par sa révolte, qu’il n’existe pas d’autre monde et que le seul bonheur accessible à l’homme se trouve dans la communion avec le monde sensible. Ainsi, incontestablement, le déambulateur marche vers cette communion: «notre nature est dans le mouvement», écrit Pascal.

Le déambulateur, en quelque sorte, marche en fuyant le réel présent et en souhaitant la rencontre d’un hypothétique futur. Il lui arrive parfois de se déplacer sans but précis: il marche alors parce qu’il ressent simplement le désir de le faire, le besoin de se distraire de son ordinaire. C’est comme si, dans ce mouvement physique de la marche, l’homme retrouvait, dans cette conjonction du corps et de l’esprit, ses instruments de perception, un équilibre aiguisant sa pensée, une vision renouvelée des choses qui l’entourent et le traversent par moment. La marche témoigne de son existence, de son appartenance au monde. Une relecture de L’homme révolté nous mène à croire que l’action, le mouvement, est inhérent à la nature humaine, comme le pensaient les Grecs: il nous suffit de bouger et les choses bougeront autour de nous.

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