Colloque, 6 septembre 2012

L’ombilic du soleil

Caroline Proulx
couverture
Le Cinéma de Marguerite Duras: l’autre scène du littéraire?, événement organisé par Sylvano Santini, Caroline Proulx et Bertrand Gervais

L’œuvre de Duras —filmique, textuelle, théâtrale— est ce que l’on peut concevoir comme une écriture du réel. C’est, en effet, à partir de l’impossible que se construit la représentation qui correspond au corps poétique fragmenté, ce que l’on retrouve mis en son et en images dans les productions cinématographiques. Le film Jaune le soleil (1971), réalisé à partir du récit Abahn Sabana David (1970), est tout entier consacré à ce qui, du réel, fait particulièrement violence et qui se consigne dans un «lieu» signifiant, témoignant d’une véritable présence spectrale à l’œuvre: Auschwitz. L’ombilic de la représentation semble provenir de cette béance de l’Histoire qui devient non pas seulement un «trou» noir où s’engouffre le sens, mais aussi une lumière aveuglante, que l’on ne voit nulle part dans le film, mais qui irradie dans toutes ses composantes. Jaune le soleil, à l’image des autres films, fait ainsi du cinéma de Duras l’objet singulier qu’il est et lui donne sa raison d’exister au sein d’une œuvre qui n’a plus de preuve à faire sur le plan textuel.

Caroline Proulx est professeure au département d’arts et lettres du CÉGEP Ahuntsic.

Type de contenu:
Mots-clés:
Ce site fait partie de l'outil Encodage.