Entrée de carnet

De l’usage du monde vers l’usage de la nature

Yannick Ouellette-Courtemanche
couverture
Article paru dans Écoécritures – études collaboratives et décentrées, sous la responsabilité de Catherine Cyr et Jonathan Hope (2021)

Mon projet de mémoire vise à interroger les théories contemporaines de la lecture et de l’interprétation, qui organisent leur production théorique autour de la notion d’usage des textes (par exemple Yves Citton, Marielle Macé, Florent Coste), à partir de l’œuvre philosophique de Giorgio Agamben. Celui-ci propose une réflexion très intéressante sur ce qu’est que faire usage d’une chose; pour Agamben, l’usage ne se limite pas à son instrumentalité, l’usage est plus fondamentalement une catégorie ontologique : « Homme et monde sont, dans l’usage, en rapport d’immanence absolue et réciproque. » (Agamben, 2016, p. 1097) L’usage semble ainsi s’opposer à l’idée d’une appropriation privée (capitaliste) du monde, ce qui paradoxalement nous en éloigne. Mon mémoire tente ainsi de voir de quelle manière le concept ontologique et politique d’usage chez Agamben peut éclairer l’usage des textes auquel nous invitent certains théoriciens de la littérature.

Dans le cadre de notre séminaire, j’aimerais ainsi explorer la proposition que soutient Marielle Macé dans Nos cabanes (2019), à savoir « habiter autrement [le monde] ». Je souhaiterais par contre décaler mon point de vue de l’habitation ou de l’usage du monde (point de vue abstrait) vers l’usage de la nature (point de vue existentiel). Or, si Macé plante ses cabanes dans les ZAD, les pensées ou les poèmes, ce qui m’intéresserait plus particulièrement ce serait celles « bâties dans l’écoute renouvelée de la nature ». À ses tentatives de réagencer ensemble les lecteurs et les textes (Façons de lire, manières d’être), me semble répondre cette tentation de connecter humains, lecteurs et usage de la nature.

Type d'article:
Ce site fait partie de l'outil Encodage.