Hors collection, 01/01/2003

Vent de sable et vent du large: entre les pages de Le Clézio

Rachel Bouvet
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Le vent est tellement omniprésent dans l’oeuvre de Le Clézio qu’on peut avoir l’impression, parfois, que c’est lui qui tourne les pages. Surtout lorsqu’on se laisse emporter par le récit des Hommes bleus dans le désert, ou par l’histoire de Nassima sur l’océan, puisque l’on se trouve d’emblée projeté dans des espaces immenses où le vent souffle continûment. Qu’il s’agisse du vent de sable ou du vent du large, du vent du malheur ou de la mort, tous revêtent une signification particulière et jouent un rôle prépondérant dans la géographie des deux romans intitulés Désert et Hasard, parus respectivement en 1980 et en 1999. S’interroger sur les phénomènes météorologiques, et de manière plus générale sur l’espace, revient ici à questionner la manière dont s’interpénètrent les différents lieux du récit, à se demander quelle relation s’établit entre l’être humain et le vent, ou encore comment l’écriture renouvelle le topos de la tempête si représentatif des récits de mer ou de désert. La comparaison entre les deux romans rend plus évidente la parenté entre les nomades et les marins, entre les hommes et les femmes du sable, du vent, de la lumière, et ceux qui ont poussé jusqu’à la perfection ce que l’on pourrait appeler un art du vent, puisque c’est en fonction de la direction et de la force des courants atmosphériques que se fait l’ajustement des voiles et l’orientation du bateau. Si le vent soulève tantôt l’écume, tantôt la poussière, il met aussi en correspondance le désert et l’océan, qui semblent constituer chez Le Clézio les deux versants d’un imaginaire de l’immensité.

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Cet article est la version préliminaire de l’article publié dans Michel Viegnes dir. pub., Imaginaires du vent, Paris, Éditions Imago, 2003, p. 75-90.

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