Colloque, 26 mai 2022

L’infini de la tentation. Poétique du maléfique dans les «Pensées» de Pascal

Pierre Lyraud
couverture
Le désir en abîme. Littérature et tentation, événement organisé par Alexis Lussier et Martin Hervé

Faire l’inventaire des formes du mal reviendrait à épuiser ses propres forces plus que les formes du monde, tant le mal a pour nature de se transmuer infiniment: «Le mal est aisé, il y en a une infinité ; le bien presque unique» (Sellier 454). Mais se condamne-t-on pour autant à ne rien dire de l’écriture du mal s’il y en a des formes infinies? Peut-être pas tout à fait, si l’on suit de près les déterminations théologiques ou spirituelles du mal, qui reçoit différents noms et dès lors autant de matrices qui peuvent nous aider à repérer les formes qui tentent de le dire. C’est que cette communication examine en regardant trois dimensions de cette poétique du maléfique: le caractère incessant et infini de la tentation, d’abord, exemplifié dans l’usage que Pascal fait de l’énumération, puis sur le caractère abyssal du mal qui ne se dévoile qu’au regard christique, orchestré dans les Pensées comme dans l’Abrégé de la vie de Jésus-Christ, et enfin l’enjeu argumentatif que recèle le verbe «chercher», qui s’oppose, pour Pascal, à l’expression «tenter Dieu»: «chercher» revient alors non pas à sommer Dieu d’apparaître mais à s’humilier devant ce qui dépasse la raison et attendre la «rencontre» avec un événement que l’écrivain ne saurait produire.

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