Entrée de carnet

Les aléas du gène

Jean-François Chassay
couverture
Article paru dans Chantier Posthumain, sous la responsabilité de Jean-François Chassay (2011)

André Pichot ouvre son livre, Histoire de la notion de gène, en écrivant ceci: “La notion de gène, omniprésente dans la biologie contemporaine, compte parmi les plus mal définies de cette discipline, et le flou de sa définition n’est pas pour rien dans les abus qui en sont faits. Tout comme celle (connexe) d’hérédité, cette notion est loin d’être claire et évidente, contrairement à ce que pourrait suggérer la facilité avec laquelle on en use et mésuse.” (Flammarion, “Champs”, 1999, p.7) Ce flou artistique, bien gênant en science, j’en conviens, est aussi ce qui explique son succès en littérature. Le gène fait bien partie de ces “objets auratiques”, pour reprendre l’expression de Georges Didi-Huberman, qui convoque une foule de termes qui lui sont plus ou moins associés et génère des fictions extrêmement variées à cause même de sa polysémie. Si on voulait définir un genre qui se nommerait “fiction génétique” (utilisons l’expression pour le plaisir  de créer une catégorie), qu’est-ce qui pourrait en délimiter les frontières? Autrement dit, qu’est-ce qui participerait d’une catégorie “restreinte” de fictions génétiques, quelle pourrait en être une définition large, et qu’est-ce qui serait une définition trop large, voire délirante? Exemple extrême (j’aurai moi aussi utilisé le terme “extrême” cette année): dire que toutes les fictions en prose sont des fictions génétiques, puisqu’elles mettent en scène des êtres vivants qui sont dotés de gènes. Voilà qui ne dirait pas grand-chose! Alors quels seraient les (ou des) critères de la fiction génétique? J’attends vos suggestions!

Jean-François Chassay

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