Journée d'étude, 16 mars 2018

L’absence chez Jean Echenoz

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La journée d’étude, organisée par Sara Bédard-Goulet et Olivier Parenteau, a eu lieu à l’Université du Québec à Montréal le vendredi 16 mars 2018.

«La question centrale de mes livres, au fond, c’est la disparition.»

Ces propos tenus par l’auteur contemporain français Jean Echenoz rappellent qu’au-delà de l’effacement thématique qui touche notamment ses personnages (souvent fuyants) et les lieux qu’il représente (fréquemment vides), on peut faire l’hypothèse que c’est l’absence qui travaille toute cette œuvre, de son processus créateur à sa réception. L’absence s’y décline sous plusieurs formes et c’est l’un des objectifs de cette journée d’étude que d’explorer ses variations dans l’ensemble des récits et des romans d’Echenoz.

Communications de l’événement

Émilie Ieven

D’un topos impossible à l’utopie: réflexion sur l’absence spatiale dans l’oeuvre de Jean Echenoz

«J’ai décidé de réfléchir à l’absence à partir de deux constants, deux constats qu’on ne peut manquer d’établir lorsqu’on fréquente l’œuvre d’Echenoz et ce sont deux constats qui sont régulièrement rappelés par la critique.

Le premier est que Jean Echenoz fait partie de ces auteurs qui font de la vie quotidienne un matériau romanesque à part entière. On peut le considérer de ce point de vue comme le successeur de Perec dont les écrits font une large place à l’infra-ordinaire, c’est-à-dire “ce qui se passe chaque jour et qui revient chaque jour, le banal, le quotidien, l’évident, le commun, l’ordinaire, l’infra-ordinaire, le bruit de fond, l’habituel”.

Le second constat, c’est que Jean Echenoz est un cartographe et que rares sont les régions du globe qui n’apparaissent pas sous sa plume. L’Europe, l’Asie, l’Amérique latine, le Pôle Nord et même la Voie lactée accueillent les intrigues du romancier et son œuvre est marquée par un foisonnement de mouvements dans l’espace.»

Maxime Decout

Où est passé le roman policier? Disparition et saturation chez Jean Echenoz

«On le sait, chez Echenoz, les gens et les objets ont une propension assez hors du commun à s’égarer, à disparaître et à s’évaporer. Ce qu’on constate, c’est que ces disparitions suscitent la plupart du temps des enquêtes et sont donc l’un des moteurs narratifs privilégiés. Mais en même temps, l’intrigue, bien qu’elle revête les apparences du polar dans un certain nombre de textes, ne parvient pas vraiment à adhérer aux schémas attendus du roman policier. De sorte que ce qui disparaît est non seulement un certain nombre de personnages et d’objets, mais aussi de codes du roman policier tout comme le savoir qui devrait résulter de l’investigation. De ce fait, si ces récits ont bien comme point de départ des disparitions, on peut se demander si l’impossibilité de les raconter n’est pas aussi ce que raconte à sa manière Echenoz.»

Jean-François Chassay

Évanescence du jazz

Dans le cadre de cette communication, Jean-François Chassay traite des absences dans le roman Cherokee de Jean Echenoz ainsi que de la place qu’y prend la musique jazz.

Sara Bédard-Goulet

Dits SDF: l’absence de logis dans L’Équipée malaise, une interrogation échenozienne de l’habiter

«Mon intérêt pour l’habiter dans l’œuvre d’Echenoz m’a amené aujourd’hui à m’interroger par la négative sur son absence. À partir de la forme plus spécifique de l’absence d’habitation et, donc, des personnages dits “sans domicile fixe”. Si l’errance est chose courante dans l’œuvre de Jean Echenoz, l’absence complète de logement l’est moins. La figure du sans-logis est toutefois abordée sous la forme de l’itinérance voyageuse de Victoire dans Un an et de celle plus délimitée de Charles Pontiac dans L’Équipée Malaise

Sophie Ménard

Échapper à la détection: «Nitrox» d’Échenoz

«Connus pour leur inventivité et leurs machinations, les récits de Jean Echenoz bouleversent les manières de raconter et offrent une mise en scène de la machine littéraire. À partir d’une étude des paradoxes de la narration à l’œuvre dans une courte nouvelle intitulée “Nitrox”, je voudrais reprendre ces questions narratologiques en mettant en place une sorte d’anthropologie des techniques narratives dans laquelle il s’agira de reculturer l’art du récit.

Ce sont les façons de faire la narration qui m’intéresseront aujourd’hui et je les analyserai au regard des technologies traditionnelles du piégeage et des techniques populaires de la combine.»

Olivier Parenteau

Le bal des absences: la Grande Guerre dans 14 d’Echenoz

«S’il est de notoriété critique que la fiction étale ses atours dans l’ensemble de l’œuvre echenozienne, dans le cas particulier de 14 il serait plus juste de dire qu’elle s’exhibe ostentatoirement. En effet, cette œuvre se présente comme une sorte de roman synthèse où se relie l’essentiel de ce qui a déjà été écrit sur la Grande Guerre dans le roman français.»

David Bélanger

«C’est vraiment con, on y était presque». Processus incomplet chez Jean Echenoz

Dans le cadre de cette présentation, David Bélanger propose une analyse du plus récent roman de Jean Echenoz, Envoyée spéciale. Plus précisément, il s’intéresse à la façon dont Echenoz surjoue le vide dans lequel il propulse ses intrigues.

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