Journée d'étude, 3 et 4 avril 2018

Corps scéniques, textes, textualités

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Les journées d’études interdisciplinaires «Corps scéniques, textes, textualités» se sont déroulées à l’Université du Québec à Montréal les 3 et 4 avril 2018.

«Il y a toujours un texte en amont» affirme l’auteure, metteure en scène et performeuse catalane Angélica Liddell à propos de la matière première irriguant chacune de ses créations (Liddell et Cousin, 2013). Susceptible de se métamorphoser, de s’effriter ou de voler en éclats, ce texte fait émerger, chez elle, les images et les actions d’un théâtre du corps supplicié. Pour plusieurs autres artistes, le corps scénique, qu’il soit ou non mis à mal, se révèle aussi tissé de textes. Depuis le corps de papier qui (parfois) préexiste à l’incarnation sur le plateau jusqu’aux différentes représentations qui le donnent à voir, le corps est le lieu où se trament différentes relations aux textes – textures, textualités, transtextualités – qui le disent et le traversent. Celles-ci font du corps – présentiel ou virtuel – le lieu et le support de l’énonciation, un espace mouvant à partir duquel interroger le réel et l’imaginaire. Si, depuis Artaud, les écritures dramatiques et scéniques contemporaines investissent fortement les territoires corporels, elles font apparaître, sur la page ou sur la scène, un corps multiple, oscillant entre la monstration obscène et la spectralisation, ou voguant entre différentes strates de mise en présence, lesquelles établissent un «nouvel équilibre (…) entre corps et texte, corps et drame» (Poulain, 2011 : 10). L’objectif de ces journées d’études est de (re)penser les relation entre le texte et ce corps pluriel, sur le versant de la dramaturgie et de la mise en scène comme sur celui de la réception spectaculaire. Ainsi, les dynamiques et tensions établies entre le texte (ou ses traces) et le corps, que ce dernier soit noué aux imaginaires post-beckettiens participant d’une «poétique de la cendre» et de l’amoindrissement (Angel-Perez, 2006), qu’il investisse les territoires de la dématérialisation numérique ou, à l’inverse, ceux de la sur-présence immersive dans un «environnement négocié» avec le spectateur (Schechner, 2008), se trouveront au cœur des réflexions poursuivies lors de ces journées d’études.

Ces journées d’études viennent clore un cycle amorcé en 2015 par le groupe de recherche interuniversitaire Bodytext/Textualités du corps codirigé par Catherine Cyr (UQAM) et Louis Patrick Leroux (Université Concordia). Cellule nomade et à composition variable, ce groupe, formé sous l’égide de l’Association Canadienne pour la Recherche Théâtrale, est composé de professeurs, de stagiaires postdoctoraux et de praticiens-chercheurs. Ses travaux ont été présentés, notamment, lors de récents colloques de la Société québécoise d’études théâtrales (SQET, 2015, 2016) et de la Chaire de recherche du Canada en dramaturgie sonore au théâtre (UQAC, 2016). Pour sa dernière année d’activité, le groupe souhaite s’enrichir de nouvelles collaborations.

Communications de l’événement

Dinaïg Stall

Le corps du texte: le texte théâtral au prisme de la marionnette contemporaine et de ses modalités d’incarnation

«Avant de me pencher sur la façon dont la marionnette transpose et transforme tout texte qui lui est confié, il importe tout d’abord de préciser a contrario de la phrase d’Angélica Liddell, qui a été choisie comme point de départ de cette journée d’étude, qu’il n’y a pas toujours de texte en amont d’un spectacle de marionnettes.»

Jennifer Bélanger & Catherine Cyr

Spectralités: dire et figurer le corps absent dans «Beauté, chaleur et mort»

Dans le cadre de cette communication, Catherine Cyr et Jennifer Bélanger s’intéressent à la question de la représentation de la perte périnatale dans le théâtre contemporain. Plus particulièrement, elles s’intéressent aux articulations de cette figure dans la pièce de théâtre Beauté, chaleur et mort.

Mélissa Golebiewski

Corps organique, corps narratif: le devenir-corps du texte projeté

«Est-ce qu’il est possible de considérer les textes projetés comme des corps? Comment peuvent-ils se constituer corps possibles dans le travail mise en scène la réception spectatoriale? Pour explorer ces questions vastes, prenons racine dans deux spectacles de Julien Gosselin: 2666 et 1993

Paule Gioffredi

Dire et danser: le tissage des mots et de la chorégraphie dans «Deux mille dix-sept» de Maguy Marin

Cette communication de Paule Gioffredi s’inscrit dans cette volonté de la chercheure de développer une phénoménologie de la parole des artistes de danse, dans le prolongement de ses recherches qui consistent à articuler la phénoménologie de Merleau-Ponty et l’étude des oeuvres de danse comprises comme phénomène, comme événement mondain, c’est-à-dire dans leur mode d’apparaître, à partir du point de vue de spectratrice.

Aramesh Yaghoubikachoui

L’esthétique rhapsodique: de l’hybridation des formes à l’inversion des valeurs dans «Tout le ciel au-dessus de la terre (Le Syndrome de Wendy)» d’Angélica Liddell

«Angélica Liddell, née Angelica Gonzalez en 1966 en Espagne, est une artiste pluridisciplinaire. La pièce de théâtre Tout le ciel au-dessus de la Terre, écrit en 2013, est fondée sur l’hétérogénéité des formes théâtrales et sur l’interaction des différentes modalités artistiques à partir des composantes de plateau.»

Julie-Michèle Morin

Réalité virtuelle et alternée dans la pratique dramaturgique de CREW: mise en oscillation du corps immergé

«Je suis ici pour vous parler de la compagnie de théâtre belge CREW qui crée des performances en dispositifs de réalité virtuelle depuis le début des années 2000. Cette présentation est le fruit de mes recherches à la maitrise en théâtre à l’UQAM menées à la lumière d’un stage à Bruxelles dans les ateliers de la compagnie.»

Marie-Claude Garneau

Dramaturgie(s) féministe(s) et corps féminins: contrer les dispositifs de l’intime au temps du capitalisme néolibéral

Dans cette communication, Marie-Claude Garneau aborde le travail de l’autrice Eugénie Beaudry et parle du nouveau théâtre féministe québécois. Garneau commence par citer Muriel Plana, chercheure française, une citation qui semble, selon elle, bien résumer comment plusieurs se représentent le nouveau théâtre féministe québécois: «Fascinée par la féminité, tentée par un féminisme centré sur des problématiques spécifiquement féminines, soucieuse en même temps de faire connaître ces problématiques à l’autre sexe pour le rassurer et l’impliquer dans leur réflexion, cette génération de femmes artistes semble donc en proie à une crise du féminin, parallèle à la crise contemporaine du masculin, où il s’agit dans les deux cas de ne pas trop revendiquer le pouvoir, de ne pas trop s’inscrire dans la lutte, de ne pas trop espérer dans la révolution, qu’elle soit politique ou esthétique (…).»

Christophe Collard

Décrépitude sur scène: Ron Vawter incarne Philoctète

«En 1994, l’acteur emblématique de l’avant-garde new-yorkaise Ron Vawter meurt du SIDA. L’événement s’est produit un peu plus d’un mois après la première mondiale de Philoktetes – Variations au Kaaitheater de Bruxelles, haut lieu de théâtre expérimental en Europe. C’était son premier projet théâtral fait indépendamment du célèbre collectif The Wooster Group qui l’avait jadis révélé au public comme un performeur techniquement doué et aussi doté d’une rare sensibilité.»

Amandine Mercier

Livre cadavre, corps stigmatisés et langue de la scène dans le théâtre de Romeo Castellucci

«Les scènes théâtrales contemporaines s’apparentent de plus en plus à des livres ouverts, des espaces scripturaux qui s’agit d’écrire pour l’artiste, de lire pour le spectateur, voire de décrire pour le chercheur. Une telle considération/reconsidération de la scène semble encore plus affirmée chez le metteur en scène et plasticien italien Romeo Castelluci pour qui “le livre a toujours été considéré comme un chose, un parallèpipède de papier. C’est la première réalité du livre. Hamlet devient un nom et un corps sur la scène. Il n’est pas un livre.”»

Marcos Nery

L’otkaz comme opérateur technique et poétique entre le corps scénique et le matériel poétique

«Cette communication a pour but de présenter quelques notions et réflexions autour de l’otkaz («signe du refus» en français), un des principes expressifs du mouvement proposés par le metteur en scène et pédagogue russe Vsevolod Meyerhold au début des années 1920.»

Claudia Bernal

Le texte littéraire comme matière de création d’une œuvre interdisciplinaire

Claudia Bernal propose, dans cette communication, d’explorer sa propre pratique de création afin de montrer comment l’utilisation du texte et son intégration dans les oeuvres pluridisciplinaires ont évolué au fil du parcours en recherche-création de l’artiste.

Jean-Paul Quéinnec

De la phonographie à la création textuelle

Jean-Paul Quiénnec présente les travaux de la Chaire de recherche du Canada en création pour une dramaturgie sonore au théâtre (UQAC), dont il est le titulaire. Les travaux de la Chaire ont pour but de renouveler la place du son au théâtre afin de favoriser une transformation de la dramaturgie.

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