Colloque, 12 avril 2018

Hybridité et rapports interespèces: les expositions «écosystèmes» de Pierre Huyghe

Anne-Sophie Miclo
couverture
L’animal et l’humain. Représenter et interroger les rapports interespèces, événement organisé par Jérôme-Olivier Allard, Fanie Demeule, Marion Gingras-Gagné et Marie-Christine Lambert-Perreault

«Lors de ses expositions à la Documenta 13 (2012), au Centre Pompidou (2013) et plus récemment à Skuptur Projekte Münster (2017), Pierre Huyghe présentait des animaux humains et non-humains in vivo dans les espaces d’exposition. L’étude comparative de ces trois expositions que je propose pour ce colloque révèle que le glissement de la représentation à la présentation du vivant laisse apparaître certains changements profonds quant aux rapports interespèces et à la définition même de l’exposition. Dans les expositions «écosystèmes» (Fraser, 2015: 13) de Pierre Huyghe, anthropomorphisation, zoomorphisation et hybridation s’entrecroisent dans des situations au sein desquelles le vivant est omniprésent et participe à une conception globale du monde allant à l’encontre d’une idéologie spéciste. Qu’il s’agisse de Human, une chienne à la patte droite rose fluo, d’un bernard-l’ermite évoluant au sein d’un aquarium avec en guise de coquille une réplique miniature de La Muse endormie (1910) de Brancusi, d’un humain portant un masque de livre lumineux déambulant dans l’espace d’exposition ou encore de la place octroyée au public; tout dans cette exposition participe à l’élaboration d’un écosystème hybride aux limites floues et mouvantes où humains et non-humains sont envisagés de façon à reconfigurer les rapports interespèces à l’ère de l’anthropocène (Latour, 2015). Certaines œuvres sont d’ailleurs accrochées à différentes hauteurs permettant ainsi leur juste appréciation par diverses espèces et allant ainsi à l’encontre de l’un des truismes les plus ancrés affirmant que l’art est une activité uniquement humaine. Dans ses expositions, Pierre Hyughe induit une conception plurielle du vivant. En le plaçant physiquement au sein des expositions et en le laissant évoluer, il confronte le spectateur au défi de la subversion normative et le mène à l’envisager au prisme de l’altérité plutôt qu’à celui de la hiérarchisation.» [Texte d’Anne-Sophie Miclo]

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