Entrée de carnet

Intervention impromptue à propos de la «fiction génétique»

Daniel Grenier
couverture
Article paru dans Chantier Posthumain, sous la responsabilité de Jean-François Chassay (2011)

En vous lisant, JFC, Anne-Sophie, Marie et Élaine, je suis frappé (pas fort, je veux dire, pas violemmentpar deux choses, que je lance rapidement, sans trop réfléchir:

1-Le fait qu’il est toujours périlleux de créer prospectivement une typologie et une définition trop précise quand cela risque de remettre en question certaines oeuvres d’un corpus non-stabilisé qui pourraient être intéressantes à analyser. Après tout, il y a un livre en bout de ligne. Ce que je veux dire, c’est qu’il faudrait peut-être (même si c’est moins ambitieux, moins “scientifique”) c’est une définition descriptive de l’ensemble du corpus choisi dans le cadre des recherches afin de déceler les liens et les recoupements. Car d’un côté, on a beau dire que ce qui en parle “trop clairement” est moins intéressant, il reste que ce serait absurde de ne pas le considérer dans un possible “genre”, et de l’autre, certains romans choisis par JFC seront probablement tellement “sur la fine ligne” (au sens d’étirer l’élastique d’une éventuelle définition de la “fiction génétique” afin de garder un roman qui en présente une des facettes sur un mode vraiment mineur ou symbolique ou quoi) que ça pourrait mener à des choix peu judicieux.

2-Le fait qu’avant de penser à une typologie en tant que telle, il faudrait peut-être s’entendre sur une réelle terminologie. C’est-à-dire que le syntagme “fiction génétique” est-il vraiment adéquat, dans l’optique où ce qui intéresse JFC va aussi loin que le XIXe siècle? Quand il écrit “il va de soi que je veux remonter en amont. Ce qui signifie, dans un premier temps, que je remonte jusqu’aux théories de la dégénérescence et à l’eugénisme. Mais ce qui signifie aussi que « génétique » s’inscrit dans une filiation sémantique qui regroupe hérédité-évolution-génétique”, on comprend que l’anachronisme n’est pas loin.

Dans la mesure où une définition (par essence inclusive et exclusive) est en jeu, il faut surtout, me semble-t-il, se pencher sur la “filiation sémantique”, en amont justement, du genre proposé. Or, cette trinité conceptuelle

-Hérédité (dégénéresence)

-Évolution (séléction naturelle)

-Gênétique (manipulations)

est non seulement historiquement pertinente, elle a aussi l’avantage d’inclure en elle-même l’idée de filiation, au sens où chaque “concept” émane de son prédécesseur. Si on la considère comme un point de départ pour réfléchir, elle permet également de relier sans problème des textes aussi éloignés que Les Rougons-Maquart de Zola et Galapagos de Vonnegut, ce qui n’est pas le cas d’une optique trop axée sur le gêne en tant que tel.

Type d'article:
Ce site fait partie de l'outil Encodage.