Entrée de carnet

La descente à Slab City

Françoise Palleau
couverture
Article paru dans William T. Vollmann, sous la responsabilité de Simon Brousseau et Amélie Paquet (2011)

Le roman «La Famille royale» dépeint les villes de la Côte ouest des Etats-Unis en une épopée dantesque, une descente aux enfers à la recherche du salut dans la déchéance.1 Chaque ville représente une philosophie, une structure de l’espace mental dans l’espace urbain. Le roman élabore une dialectique conflictuelle entre San Francisco et Sacramento pour l’essentiel, mises en regard de Los Angeles et de Las Vegas plus brièvement. Au bout de son périple urbain, la quête métaphysique du héros déchu s’achève à Slab City2, une utopie dont le dénuement et l’âpre poésie restent ouverts à tous les possibles.

Le roman met en scène le duel de deux villes, San Francisco et Sacramento, tandis que son écriture alterne entre deux structures narratives: une narration abondante et suivie qui raconte la rivalité entre deux frères, et une narration fragmentaire de courts chapitres qui composent des vignettes distinctes et exemplaires, pierres d’un gué pour traverser ce roman fleuve. San Francisco est une ville traditionnelle, qui abrite illicitement une «famille royale» de prostituées et de drogués sous l’égide d’une mère maquerelle présentée comme une déesse bénéfique. Sacramento se définit comme un carrefour ferroviaire (p.193), une ville semblable à un centre commercial (p.545), dénuée d’histoire, nid de conformisme petit-bourgeois, où habite la mère du héros Henry. Le contraste entre les deux villes est une source de trouble existentiel et de culpabilité pour le personnage focal principal, Henry Tyler, l’un des deux frères ennemis. Pour le narrateur extradiégétique, c’est un objet de satire. Alternant entre la première et la troisième personne, le narrateur et le personnage principal comparent les deux villes, vont de l’une à l’autre en voiture, en train ou en pensée, leur périple décrivant une dialectique entre deux façons d’être au monde. Quelques incursions jusqu’à Los Angeles et dans le monde caché de Las Vegas permettent de définir San Francisco et Sacramento par comparaison. Les villes dressent un portrait des personnages et définissent une progression narrative dans ce long roman de Vollmann, qui est aussi le plus urbain qu’il ait écrit. Il y ravive une vision médiévale du voyage de Dante aux Enfers (p.517), source intertextuelle majeure du roman, pour mieux étudier les paysages urbains et mentaux de sa vision de la Californie.

Des paysages urbains de caractère

Pour le héros comme pour le narrateur, San Francisco marque le cœur de leur univers. Vollmann inclut en avant texte un plan dressé à la main du centre historique. La ville a une personnalité et une histoire qui permettent de définir les personnages. Le roman s’ouvre comme un guide touristique sur la mention de la prostituée Carol Doda, dont les tétons rouges en tube au néon clignotaient au-dessus du bar de strip-tease le Condor. Elle permet d’établir le lien entre Henry Tyler et le monde de la prostitution où il va se perdre, dès qu’il considère le clignotant de son répondeur téléphonique: «La lumière vermeille de son répondeur clignotait, comme un des tétons de Carol Doda sur l’enseigne au néon du Condor autrefois» (p.39). La ville est le théâtre d’un drame: la prostitution de petite échelle autour d’une figure matriarcale adulée est remplacée par l’esclavage sexuel à grande échelle de jeunes filles handicapées mentales à Las Vegas; Tyler, qui est un témoin direct de ce changement, sombre socialement, perd son travail, son domicile et ses attaches avant de mourir.

Au cours de son enquête, le détective privé Tyler tombe amoureux de la «Grande Pute», aussi appelée Africa ou la Reine (p.33), qui protège les prostituées de son réseau. Elle personnifie le Tenderloin, ce quartier central de San Francisco célèbre pour sa corruption des forces de l’ordre, qui y mangeaient du filet de bœuf (ou tenderloin en anglais) sans payer. Ses traits sont décrits en termes urbains:

Le visage de la Reine lui apparaissait ici clairement: plat, droit, dur et lisse comme une de ces façades de brique du Tenderloin interrompues par des fenêtres aux rideaux sombres derrière lesquels les détenus se dissimulaient pour regarder sans être vus; enseignes peintes au nom de magasins qui ont fait faillite depuis longtemps, murs qui s’abaissent sans honte sur les rideaux de fer, les parcmètres et les rues sales et sombres plus loin. (Ma traduction, p.461)

La Reine et la ville ont en commun une aura de mystère, elles voient sans être vues, elles vivent dans le secret d’un monde interlope sous l’égide d’une corruption ancienne mise à mal par de nouvelles mafias.

De même, Henry Tyler et sont frère John sont caractérisés par une rue; le premier a une personnalité souple et peu marquée, tandis que le second est à l’image du quartier des affaires: «Il pouvait peut-être s’incarner dans Eddy Street ou Ellis Street—ou mieux encore, une allée petite et grise perdue quelque part au sud de Market Street—et John? Une seule réponse possible, et fidèle à John, c’est une réponse magnifique: Geary Street» (ma traduction, p.569). Une section de l’ouvrage est consacrée à Geary Street pour dresser le portrait de John (section omise de la traduction française). C’est une rue entremetteuse qui relie le quartier des affaires et celui de la prostitution, mais aussi un moyen de relier les divers fils de l’histoire des deux frères, entre John Tyler qui cherche en homme d’affaires à maîtriser la prostitution à son profit, et Henry Tyler, chevalier déchu qui cherche au contraire à se perdre financièrement dans les bas-fonds pour se trouver. La section est l’occasion d’une intrusion de l’auteur qui parle de lui-même avec humour et dérision, et s’adresse au lecteur directement: «Je suis décrit dans l’introduction à la traduction japonaise d’un de mes romans comme un «écrivain mineur»— ô que cela est blessant!—et quant à vous, lecteur, vous souffrez d’une appréciation inadéquate de vos qualités dans ce monde» (p.569 de l’édition américaine).

Les descriptions urbaines sont ici l’occasion d’une brève analyse métanarrative, non sans humour. La forme romanesque est présentée avec distance, parce que l’important n’est pas tant de raconter une histoire de prostitution ou de cupidité que de proposer une méditation existentielle, un voyage métaphysique et poétique à la manière de celui de Dante dans sa Divine comédie, une exploration à l’encontre du périple des Pères puritains de la nation, pour s’éloigner de la Cité radieuse et sombrer dans la Cité du plat pays («the Flats») à Slab City.

Une quête

La recherche du salut entraîne Henry Tyler jusqu’à Sacramento, où il traverse l’Achéron d’un campement de sans logis: «Et puis sur son chemin vers les wagons de marchandises de l’Union Pacific, ces navires terrestres en route vers la liberté, qui réjouissaient les âmes de ceux qui les empruntaient pour aller de promesses déjà trahies à des promesses qui le seraient bientôt, passeurs des âmes mortes d’un soleil couchant à un autre, permettant à ceux qui ont peur et à ceux qui espèrent d’échapper à l’imminence de la loi.» (ma traduction, p.699). Le pessimisme de la formulation déterministe souligne qu’aucune promesse ne peut être tenue. Le héros poursuit une progression métaphysique en spirales concentriques comme le voyageur de Dante vers l’Enfer, à l’instar de ses vomissements: «Une bouffée de haine envers tout ce qu’il avait devant les yeux s’échappa de son âme, pour se déverser en cercles concentriques comme le carrelage de la station de métro jusqu’à l’immeuble le plus lointain. Tout n’était que puanteur.» (ma traduction, p.133). Les cercles concentriques décrivent aussi la structure du roman, puisque le personnage focal Henry Tyler repasse souvent par les mêmes lieux, avec un décalage, au cours de sa progression vers l’ascétisme et la mort.

Si San Francisco mêle les affaires d’argent et l’érotisme, elle a du moins un cœur et une âme, contrairement à la capitale de la Californie, qui en est dénuée:

c’est désormais la ville des voitures et des centres commerciaux, la ville des aires de jeux, des stations-services, des supérettes, une ville sans cœur, un endroit étrangement vide dont le centre, jadis abaissé au niveau des eaux, a troqué ses trottoirs en bois et ses dortoirs chinois du XIXe siècle contre des passages souterrains peuplés essentiellement par des clochards de passage et des adorateurs de vieux flacons (Peet’s Crystal White, The Perfect Family Soap). (p.193)

La voiture a effacé l’histoire à Sacramento, et l’habitation humaine stable semble étrangement absente de cette description fantomatique.

Un passage à Las Vegas offre un contrepoint aux deux villes californiennes, San Francisco la chargée d’histoire et Sacramento l’amnésique. Le livre XV, «La Reine de Las Vegas», condamne la ville du Nevada comme une ville artificielle et anhistorique, sous le règne de la corruption, de la méchanceté et de l’imbécillité. La description de l’hôtel Luxor est à ce titre exemplaire: «Quand Las Vegas écarta ses cuisses devant lui tel un collage de puces en silicone sur la plaine foncée, il distingua la noire pyramide de la médiocrité, le terne bijou avec un Sphinx accroupi devant.» (p.671). Le kitsch de Las Vegas abrite une prostitution particulièrement ignoble, qui transforme des femmes handicapées mentales et physiques en esclaves sexuelles; il est sous entendu qu’elles ont subi une lobotomie pour assurer leur docilité (p.419 de l’édition américaine, non traduite).

Los Angeles, quant à elle, n’apparaît que comme un cimetière, celui où Irène, la femme de John Tyler, dont Henry était amoureux, est enterrée après son suicide: «Los Angeles, où la tombe d’Irène se portait bien par cette journée chaude et polluée à Forrest Lawn, sous le vrombissement des tondeuses à gazon» (ma traduction). La Cité des anges est littéralement un lieu pour les morts, Irène étant un ange pour Tyler qui n’a de cesse de la rejoindre (p.1245-46). A la fin du roman, au terme de son périple, il meurt assassiné et devient un fantôme dans un campement pour sans logis à Sacramento (p.1280 et sq.).

Slab City

Avant de mourir, Henry Tyler devient d’abord un clochard qui emprunte les wagons de marchandises pour se rendre à Slab City, où il fait plusieurs séjours. C’est une ville utopique, un non-lieu, où il trouve un moment de paix. Le clochard philosophe Waldo est le premier à lui en parler. Son nom rappelle celui de Ralph Waldo Emerson et le choix de l’isolement que fit l’écrivain dans sa cabane à Walden Pond, où il prenait du recul vis-à-vis de la politique de son pays. Slab City est une appellation quelque peu ironique, puisque ce n’est pas une ville à proprement parler, mais un campement situé non loin de Salton Sea, un lac salé pollué entre la vallée d’Imperial et le relief des Chocolate Mountains. Ce n’est une ville qu’en termes de projet et d’idéologie. Elle est définie négativement comme ce qu’elle fut, une base militaire de la deuxième Guerre mondiale désaffectée. Son nom vient des dalles («slabs» en anglais) de béton qui formaient les fondations de la caserne des troupes d’assaut, dont les maisons en bois ont été démontées. Un résident explique à Tyler l’histoire du lieu:

Pendant la deuxième Guerre mondiale, le Général Patton avait des bases comme ça partout dans le désert. Quand ils sont partis, les fusiliers marins s’y sont installés. La dalle qui est là, c’était un hôpital. Et puis ils ont fermé la base et l’ont vendue. Ma dalle, c’était les latrines des officiers. Et le terrain là-bas, c’était pour le défilé (Ma traduction, p.732).

Slab City est le spectre d’une ville avortée, anciennes latrines sans eau courante ni électricité, espace de défilé militaire sans corps d’armée ni population, au milieu du désert brûlant de la Californie du Sud-Est. Cette définition négative de ce qui n’est plus permet de forger une utopie, une table rase pour recommencer. Un habitant insiste sur le sentiment de liberté qu’il ressent sur place: «Tout le monde peut venir y garer sa caravane. C’est l’Amérique ici.» (Ma traduction, p.732). Sa compagne corrige cette version optimiste en précisant que c’est aussi l’endroit où échouent les pauvres, par défaut: «Je suis coincée ici cet été parce que mon camping-car a besoin d’une révision mais je n’en ai pas les moyens» (Ma traduction, p.733). Ce lieu est décrit dans l’ouvrage de Jon Krakauer Voyage au bout de la solitude (Into the Wild) et figure dans l’adaptation cinématographique de Sean Penn Into the Wild (2007). Slab City représente un refuge pour les néo hippies et les pauvres. Dans le roman de Vollmann, plusieurs passages soulignent que c’est un lieu sans issue pour les défavorisés: «Il se rendit à Slab City. L’homme en colère et sa mère y étaient toujours. —Une fois qu’on y est, c’est difficile d’en sortir, lui dit l’homme en colère. C’est comme un trou» (Ma traduction, p.763). La vie sur place relève de la survie dans des températures extrêmes. Une jeune femme qui a réussi à quitter Slab City explique à Tyler: «L’hiver, on se réveille avec les pieds gelés. L’été, ces dalles sont brûlantes. Et il y a des scorpions et des fourmis et tout et tout. Des gens très, très bizarres. J’ai détesté de A à Z.» (Ma traduction, p.731).

L’étrangeté des habitants est perceptible dans leur propension à parler par antiphrase. Leur seule arme contre la pauvreté est l’ironie de leur nomenclature: «Alors, sur votre gauche, c’est ce qui s’appelle la zone des HLM. Sur la droite, c’est ce qui s’appelle la zone des loyers élevés. En fait, on a inversé les noms, juste pour rire. Dans la zone aux loyers élevés, les gens vivent au jour le jour» (Ma traduction). L’ironie reste une liberté négative, mais révèle une résistance à la fatalité.

Dans ce lieu à la marge de la société, Tyler a une révélation qui est décrite en termes poétiques, à la fin de ses errements. Il découvre Salvation Mountain, cette structure de Land Art à la gloire de Dieu que Leonard Knight construit depuis plus de trente ans. C’est une petite colline de matériaux de récupération (de vieux pneus et des balles de foin) recouverts de peinture vive, qui se dresse au milieu de l’étendue plate de Slab City. Tyler voit d’abord l’artifice de la structure et des slogans évangélistes, avant de se laisser séduire par sa simplicité naïve:

La montagne à proprement parler, avec tous ses slogans écrits comme sur des poitrines protubérantes, se composait de terre, de balles de foin et de peinture de latex colorée, douce et fraîche au toucher. Sur la poitrine de la montagne, un cœur écarlate, mis en relief par des lettres en torchis blanc, lui disait: JESUS, JE SUIS UN PECHEUR, VIENS SUR MON CORPS ET DANS MON CŒUR. Il monta jusqu’à la croix qui marquait le sommet, mais au lieu d’y trouver l’inspiration, il découvrit toujours plus d’artifice, là où un escarpement suivait la ligne d’eau d’un lac disparu depuis quatre cents ans, et où les balles de foin et les pots de peinture étaient entreposés discrètement, en attente d’être utilisés à bon escient. (Ma traduction, p.732)

Si la montagne est artificielle, elle suit néanmoins les traces du passé géologique, comme la remarque de Tyler sur le lac asséché le souligne. La montée du calvaire jusqu’à la croix n’est pas encore le lieu d’une révélation. Il faut attendre que Tyler poursuive son chemin vers la déchéance sociale et arrive en périphérie de Slab City, en contrebas, non loin du canal: «sur les terrasses, ou comme certains les appelaient, la zone où vivaient les vrais sans logis» (Ma traduction). Dans cet endroit de pauvreté extrême, la chaleur est telle que les habitants se terrent le jour et ne sortent que la nuit, comme des vampires, selon leurs voisins. Dans ce désert, Tyler rencontre une incarnation de Saint Jean-Baptiste. Sa peau très bronzée fait croire à Tyler qu’il a enfin retrouvé la Reine, Africa, qui avait disparu de San Francisco. Dans son chemin de croix, Tyler est particulièrement sensible à la bonté de Clyde qui le prend en pitié à sa dernière étape avant le Calvaire: «La terrasse numéro onze est la dernière, dit Clyde, sincèrement compatissant, et à ce moment là Tyler sentit que la bonté de l’homme était aussi immense que le cœur écarlate qui repose sur la poitrine blanche de Salvation Mountain» (Ma traduction, p.736). Tyler reprend le cœur écarlate du roman de Hawthorne, mais dans une version kitsch. Comme dans La Lettre écarlate, la faiblesse humaine abandonne toute vision puritaine pour accepter ses contradictions dans une vision étoilée:

Un peu plus tard, il s’assit devant Salvation Mountain pour contempler la voie lactée qui s’étendait comme une souillure généreuse dans le ciel; et les étoiles, les étoiles, les étoiles! Salvation Mountain était comme un mégathérium, comme un éléphant trapu ou même un escargot qui pointait la tête hors de sa coquille, blanchâtre et zébré dans la nuit (Ma traduction, p.736).

Tyler parvient ici à un moment de lyrisme qui associe la souillure aux étoiles, ce qu’on peut lire par extension comme exemplifiant la philosophie du roman tout entier. À l’instar des visions crépusculaires à la manière de Hawthorne, mais avec une appréhension plus charnelle et plus animale du monde, le héros a trouvé son utopie loin de San Francisco, de Sacramento, de Las Vegas ou de Los Angeles. La ville qu’il choisit n’est pas la cité céleste des Puritains, mais Salvation Mountain, à Slab City, qui abrite les égarés d’un monde où chacun peut devenir la proie des spéculateurs, à moins de choisir le rôle de prédateur. C’est un lieu ouvert à la création, à en croire les associations métaphoriques que suscite la montagne chez le personnage focal. Sa ville est à l’image de l’espèce disparue qu’il mentionne, le mégathérium (megatherium americana de son nom latin ou groundsloth en anglais), ce gigantesque mammifère terrestre, gros comme un éléphant, mais fragile comme un escargot, tout de métaphores mêlées, collage improbable (jigsawed pour un puzzle) ouvert à tous les possibles.

Tyler a cherché le salut à Sacramento, la ville sans cœur, où les alcooliques n’ont plus que leur bouteille pour se réconforter, mais aussi à San Francisco, où la Reine des putes, ultime souveraine de générosité, a été anéantie par la cupidité; il est passé par Las Vegas, autel aux dieux du profit et de l’exploitation inhumaine, et par Los Angeles, où les anges sont un leurre. Il a finalement trouvé la paix dans un campement où les lettres écrites par Leonard Knight inscrivent sur Salvation Mountain un double sens que le roman le plus érotique de Vollmann suggère, indépendamment de la volonté de Knight: la phrase inscrite sur la sculpture («JESUS, I’M A SINNER, COME UPON MY BODY AND INTO MY HEART») peut en effet se comprendre de deux manières: «JESUS, JE SUIS UN PECHEUR, VIENS SUR MON CORPS ET DANS MON CŒUR» est le sens premier dans le contexte chrétien de Knight; mais dans le roman, elle prend aussi un sens grivois, sans contradiction avec le sens premier dans l’univers vollmannien qui unit l’érotisme et la métaphysique: «JESUS, JE SUIS UN PECHEUR, EJACULE SUR MON CORPS ET DANS MON COEUR.» (Ma traduction, p.732) Corps et cœur trouvent un moment de poésie crue dans ce roman qui cherche le salut jusque dans l’abjection. À contre courant, c’est sans doute ce qui fait de La Famille royale l’ouvrage de Vollmann le plus hanté par l’héritage puritain.

BibliographieKrakauer, Jon. 2000. Voyage au bout de la solitude. Paris: Presses de la Cité.Penn, Sean (réal.). 2007. Into The Wild. États-Unis: Paramount Vantage/Art Linson Productions/Into the Wild/River Road Entertainment, 148 min.Vollmann, William T. 2000. The Royal Family. New York: Penguin, 780 p.Vollmann, William T. 2004. La Famille royale. Arles: Actes Sud.

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