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Art et bungalow (3): Fallen Star (2012) de Do Ho Suh

Marie Parent
couverture
Article paru dans Suburbia: L’Amérique des banlieues, sous la responsabilité de Marie Parent (2011)

 

Scholz Rittermann, Philipp. 2012. «Fallen Star» [Installation de Do Ho Suh à UCSD]

Scholz Rittermann, Philipp. 2012. «Fallen Star» [Installation de Do Ho Suh à UCSD]
(Credit : Stuart Collection)

Do Ho Suh, artiste originaire de Séoul, a perché une petite maison bleue sur le toit du Jacobs Hall de la Jacobs School of Engineering de l’Université de Californie à San Diego (UCSD). La construction, dont une partie est suspendue au-dessus du vide, est inclinée à 10 degrés. Elle est meublée et entourée d’un jardin. L’artiste explique l’effet recherché par l’inclinaison :
The slope of the floor is only five degrees, which is not that much. […] But then everything you see is something you’re familiar with from your own home or your parents’ home or your grandparents’ home. You physically experience this instability while you’re surrounded by elements you’re so comfortable with. I think this actually helps the audience start to think about their surroundings1Cité par Leah Ollman, «Do Ho Suh’s Fallen Star makes home not so comfortable», Los Angeles Times, 16 juin 2012..
L’artiste ne la qualifie jamais de «bungalow» puisque la maison serait plutôt inspirée par les petits cottages de Nouvelle-Angleterre. Pourtant, son aspect «petite maison parfaite» évoque les images de banlieues à la fois idylliques et inquiétantes. Le déséquilibre induit par l’inclinaison donne l’impression que la maison et tout ce qu’elle implique (confort, sécurité, appartenance) sont au bord de sombrer. Suh dit travailler à la fois sur l’idée du chez-soi, sur la perception de notre environnement et sur la construction d’une mémoire spatiale. En effet, l’inscription de la maison dans le panorama, incongrue, trouble la continuité du paysage urbain. Elle pose la figure du «home» en plein centre de l’attention mais en déplace le cadre de référence. Sa représentation n’est pas univoque. Comme dans ses précédentes installations, Home Within Home (2009-2011) et Bridging Home (2010), Suh joue avec nos attentes et nos perceptions, nous déstabilise en disloquant l’aménagement de l’espace habité. Il nous force ainsi à revoir les paramètres de notre propre habitation.
Pour voir les photographies de Philipp Scholz Rittermann, consultez le site de la Stuart Collection.
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    Cité par Leah Ollman, «Do Ho Suh’s Fallen Star makes home not so comfortable», Los Angeles Times, 16 juin 2012.
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