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Féerie pour un temps sans mesure. Louis-Ferdinand Céline chroniqueur du désastre

Anne Élaine Cliche
couverture
Article paru dans Des fins et des temps: les limites de l’imaginaire, sous la responsabilité de Jean-François Chassay, Anne Élaine Cliche et Bertrand Gervais (2005)

Le temps passe, paraît-il, et nous emporte avec lui. Est-ce si sûr? Il va sans dire, en tout cas, que dans cet emportement général, chacun s’accroche à ses morceaux —épaves ou projets, souvenirs ou ambitions—, à jamais décalé de l’histoire et de la mémoire, et de ce fait livré à la hâte, au retard, à cette condition finalement indépassable d’existence inopportune, intempestive et déplacée. Seule la mort nous rend enfin adéquats à nous-mêmes, et nous arrache au contretemps qui est sans doute la conséquence la plus musicale de la chute. Je sais, le terme est fort et par surcroît biblique. Il suffit d’écrire quelques lignes sur le temps pour se voir aussitôt entraîné dans les méandres théologiques. C’est ce qu’on appelle un effet obligé, une nécessité logique.

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