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Amazing Spiderman 36

Joël Mak dit Mack
couverture
Article paru dans Bandes dessinées et romans graphiques, sous la responsabilité de Équipe LMP (2007)

Œuvre référencée: Straczynski, Joe; Romita Junior, John. 2001. Amazing Spiderman #36, New York: Marvel, Volume 2, Numéro 36.

Disponible sur demande (Fonds Lower Manhattan Project au Labo NT2)

Présentation de l’œuvre

Résumé de l’œuvre

Spider-Man descend des sommets vertigineux de Manhattan. Il jaillit accroché à l’extrémité d’un de ses fils d’araignée, au milieu d’une rue envahie d’un épais nuage de fumée. Il voit un couple qui le dépasse en quittant les lieux, les visages hagards, horrifiés. L’homme lui demande où il était et la femme l’interroge sur son absence à un tel moment: «Comment as-tu pu laisser cela arriver». Il les regarde s’éloigner, sans voix, puis entre à son tour au milieu de volutes de poussière sombres et épaisses. Il observe d’une terrasse l’étendue du désastre à proximité de ce qui fut le World Trade Center. Se prenant le visage entre les mains, le corps soudain courbé, presque plié en deux, il se parle à lui-même, à tout le monde d’une certaine manière, et égrène ses paroles au fur et à mesure que se déroule cette vision de fin du monde. Les secours s’organisent tandis que peu à peu plusieurs super-héros prêtent main forte aux secouristes, pompiers et services d’urgence qui cherchent frénétiquement des survivants parmi les décombres. Même certains «super-vilains» comme docteur Doom (docteur Fatalis) viennent se recueillir devant les tours écroulées… La pensée de Spider-Man, comme des maximes ou des sentences, rythme la succession des scènes tout au long du récit. Il rencontre un enfant qui lui parle et lui montre du doigt son père, porté par d’autres pompiers, sortant des gravats amoncelés au sol. Les dernières paroles de Spider-Man, «Debout», s’inscrivent sur des images d’une immense foule de New-Yorkais, toutes religions et couleurs de peau confondues.

Précision sur la forme adoptée ou sur le genre

Comics traditionnel, récit complet en bande dessinée.

Précision sur les modalités énonciatives de l’œuvre

L’intrigue se résume à la découverte de l’attentat et à la mise en place des secours.Il s’agit d’une narration majoritairement sous forme d’un monologue intérieur où à la fois la voix-off du personnage principal, Spider-Man, et sa silhouette omniprésente dans l’histoire, accompagnent le déroulement très linéaire. Quelques dialogues parcimonieux complètent le récit.

Modalités de présence du 11 septembre

La présence du 11 septembre est-elle générique ou particularisée?

La présence du 11 septembre est circonscrite à l’attentat sur le World Trade Center. La totalité des planches, dès les premières cases, sont remplies de la poussière dégagée par l’effondrement des gratte-ciels. Passées les premières vues sur une des rues conduisant à Ground Zero et un panorama du quartier envahi par les épais nuages de fumée, le décor se resserre autour des enchevêtrements inextricables de l’acier, du verre et du béton effondré.

Les événements sont-ils présentés de façon explicite?

La castastrophe du 11 septembre est l’élément central du récit. Les images accompagnent le long monologue de Spider-Man face à la catastrophe. Il y a une imbrication très forte, particulièrement construite, entre l’enchaînement des cases, le récit graphique et la litanie des paroles prononcées comme un récitatif, presque un «soliloque» métaphysique…

Quels sont les liens entre les événements et les principaux protagonistes du récit (narrateur, personnage principal, etc.)?

Spider-Man, super-héros particulièrement populaire, arrive trop tard sur les lieux d’une catastrophe qu’il n’a pas pu éviter comme tous les autres personnages à super-pouvoirs présents dans cette histoire. Ils assistent impuissants à une tragédie déjà en cours, dont ils sont d’une certaine manière exclus, protagonistes dérisoires, réduits finalement à de simples spectateurs (eux qui sauvent le monde à longueur de comics) prêtant main-forte comme le commun des mortels. Spider-Man et ses acolytes représentent sans doute une sorte de conscience morale «supérieure», comme une voix au-dessus des autres, presque d’essence divine (leurs super-pouvoirs) mais réduite au silence face à «l’innommable», accompagnant ceux qui restent, mais s’effaçant également devant eux, laissant les secours et les volontaires devenir les véritables héros de ce drame.

Aspects médiatiques de l’œuvre

Des sons sont-ils présents?

Aucun son ni sous forme d’onomatopée ni de quelconque manière.

Y a-t-il un travail iconique fait sur le texte? Des figures de texte?

Il s’agit d’un comics dont le texte est majoritairement un monologue intérieur qui s’installe peu à peu à travers le déroulement des cases et des planches. L’imbrication entre le visuel et cette parole en «relief» est très forte. Les rares dialogues, paroles inscrites dans les phylactères, rehaussent à peine l’intensité de cette fusion image-texte.

Autres aspects à intégrer

N/A

Le paratexte

Citer le résumé ou l’argumentaire présent sur la 4e de couverture ou sur le rabat

Il n’y en a pas.

Intentions de l’auteur (sur le 11 septembre), si elles ont été émises

N/A

Citer la dédicace, s’il y a lieu

Aucune dédicace.

Donner un aperçu de la réception critique présente sur le web

http://www.youtube.com/watch?v=TpIx1NgMP4U [Page consultée le 11 août 2023] (vidéo réalisée avec les images de la BD qui présente les principales étapes du récit) https://web.archive.org/web/20080114201955/http://comicsmarvel.blogspot.com/2007/01/escapade-manhattan.html [Page consultée le 11 août 2023] (Les lieux de Manhattan fréquentés par les Super-Héros et le texte intégral du monologue de Spider-Man dans Amazing Spider-Man n° 36 de décembre 2001.)

Impact de l’œuvre

Forum de discussion dans lequel Les internautes tentent de répondre à cette question: «Amazing Spider-Man 36 one of the best Spiderman comics of all time?» http://forums.comicbookresources.com/showthread.php?t=149928 [Cette page n’est plus accessible]

Le 11 septembre 2002, premier anniversaire de l’attentat, Joe Straczynski, l’auteur du scénario de Amazing Spider-Man 36, à la demande des lecteurs modifie le texte, le rendant, d’après lui, plus «universel». Quelques coupes et des rajouts dans une direction consensuelle, moins politique: https://web.archive.org/web/20080125150713/http://worldsofjms.com/marvel/spiderman.htm [Page consultée le 11 août 2023]

De très nombreuses pages web, forum de discussions, sites de comics ou de SF évoquent ce numéro spécial d’Amazing Spider-Man et sa cote financière a particulièrement grimpé quelques années plus tard. Ce numéro est devenu un «collector» hors de prix.

Pistes d’analyse

Évaluer la pertinence de l’œuvre en regard du processus de fictionnalisation et de mythification du 11 septembre

Le message particulier égrené au fil des planches par ce comics ressemble à une sorte de justification morale, en filigrane car jamais avouée ainsi, comme si des personnages de fiction pouvaient, voire même devaient s’excuser de ne pas avoir pu intervenir. On assiste d’une certaine manière à un télescopage entre réalité et fiction comme le font souvent les BD ayant pour protagonistes principaux des créatures surnaturelles et archétypes d’une mythologie contemporaine. Or si les personnages publiés par DC comics habitent dans des villes comme Gotham City (Batman) ou Métropolis (Superman), véritables métaphores des métropoles américaines, Spider-Man, les X-Men, Iron-Man et les Quatre fantastiques, entre autres, évoluent, eux, au sein même de New York. Des édifices imaginaires tel que le Baxter-building (quartier général des Quatre fantastiques) s’inscrivent dans un paysage qui, lui, n’est pas inventé, même si les scénaristes ont fabriqué depuis des décennies de multiples univers parallèles souvent proches du nôtre. De ce fait, l’événement quasi-mythologique dès le départ qu’est l’attaque sur les tours jumelles du World Trade Center transcende à la fois réel et monde virtuel. La «litanie» qui s’affiche dans les planches de la BD pendant que l’action se déroule, cette voix-off, fait le lien en quelque sorte entre les faits tangibles, l’attentat, et le monde des Super-Héros dans lequel un tel acte aurait pu, aurait dû, être évité par Spider-Man, Captain America et les autres. C’est dans ces interstices que s’inscrit le processus de fictionnalisation de Amazing Spider-Man 36.

Donner une citation marquante, s’il y a lieu

«Mais en dépit de nos costumes et de nos pouvoirs, nous ne sommes rien par rapport aux vrais héros. Ceux qui affrontent le feu sans peur et sans armure. Ceux qui entrent dans les ténèbres sans savoir s’ils en ressortiront parce qu’ils savent que d’autres attendent dans le noir. Qu’on les sauve. Qu’on leur parle. Que justice soit faite.»

Noter tout autre information pertinente à l’œuvre

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