Hors collection, 01/01/2016

Du martyr de Georges Bataille aux martyrs de Pascal Augier: résurgence d’un motif

Fabien Demangeot
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Dans la préface de la deuxième édition de L’Impossible, Bataille dit que l’outrance du désir et de la mort permet seul d’atteindre la vérité (Bataille, 1962: p.7). La notion de vérité est cependant ici ambiguë puisqu’elle semble se rapporter à la fois à une connaissance individuelle de type ontologique et à la découverte des mystères de l’univers. Bien que le contenu de ce savoir reste abstrait, le martyr, à l’aube de sa mort, aurait la possibilité de l’entrevoir. Sa douleur, devenu extase, lui permettrait de se rapprocher de l’ultime Vérité. Mais cette Vérité, Bataille refuse de l’assimiler à une quelconque divinité. Dans L’Expérience intérieure, il dit même préférer désigner par le mot «mystère» ce que l’on appelle traditionnellement Dieu (Bataille, 1943:p.73). Dans la deuxième partie de cet essai, d’ailleurs intitulé «Le supplice», l’auteur d’Histoire de l’œil multiplie les interrogations ontologiques:

Le doute m’angoisse sans relâche. Que signifie l’illumination? de quelle nature qu’elle soit? même si l’éclat du soleil m’aveuglait intérieurement et m’embrasait? Un peu plus, un peu moins de lumière ne change rien, de toute façon, solaire ou non, l’homme n’est que l’homme, ne pas sortir de là; c’est l’étouffement, la lourde ignorance. (Bataille, 1943: p.102)

Chez Bataille, c’est la vie et non la mort qui est source d’effroi. À force de chercher un sens à sa vie et aux mystères de l’univers, l’homme finit par se perdre. Il s’enferme dans une sphère d’angoisse qui le néantise. La mort est, au contraire, synonyme de passion et d’exaltation. Cette idée parcourt l’œuvre de Bataille mais aussi les écrits de sa compagne Laure qui, dans Histoires d’une petite fille, érotise fortement la notion de sacrifice, en évoquant le départ de son père pour le front:

Un souvenir qui me semble résumer complètement ma notion du Sacré. Cela relève de la foi pour laquelle on se sent prêt à mourir. Cela a trait au départ de mon père pour le front -départ particulièrement tragique par le fait de circonstances étranges (à expliquer) et qui provoqua en moi un état d’exaltation totale, fait de pressentiment certain, de sacrifice consenti d’avance et devant le visage même du sacrificié. (Laure: p.34)

Pour Bataille, le martyr est masochiste puisque la douleur finit toujours par devenir source de plaisir. Mais l’état de plénitude ressenti par le supplicié, à l’aube de sa mort, semble être lié avant tout à la découverte de l’ultime Vérité. Cette Ultime Vérité a, sans doute, été entrevu par Fou-Tchou Li, le martyr chinois évoqué par Bataille dans Les Larmes d’Eros. Condamné pour le meurtre de son maître le prince mongol Ao-Han-Ouan, le jeune homme a subi le terrible supplice des cent morceaux. Cependant, comme le note Bataille, en s’appuyant sur la photographie du supplice, le corps en lambeaux de la victime contraste fortement avec l’aspect serein et reposé de son visage. Fou-Tchou-li est donc, pour reprendre le texte des Larmes d’Eros, une image de la douleur à la fois extatique et intolérable. On retrouve ce type de représentations dans de nombreuses œuvres picturales de la Renaissance. Dans Histoire de laideur, Umberto Eco évoque notamment le célèbre tableau du martyre de saint Sébastien peint par Guido Reni (Eco: p.88). La beauté du supplicié au visage extatique teinte d’érotisme la scène historique représentée. Or, reprenant dans Les Larmes d’Eros, les propos du psychologue Edgar Pesh, Bataille évoquait, bien avant Eco, les tendances sadomasochistes inavouées des artistes ayant peint des martyres chrétiens (Bataille, 1959: p.62). L’art religieux, comme a également pu le démontrer Alain Robbe-Grillet, est un véritable réservoir à fantasmes sexuels sadomasochistes. Les adolescentes suppliciées de Glissements progressifs du plaisir et de C’est Gradiva qui vous appelle, apparaissent d’ailleurs moins comme des martyres que comme des actrices de théâtre érotique. Chez le Nouveau Romancier, la notion de sacré chère à Bataille tend d’ailleurs totalement à s’estomper. Les costumes de martyre chrétienne dont sont vêtus les petites communiantes sacrifiées de Souvenirs du triangle d’or font simplement partie de l’attirail vestimentaire du SM au même titre que les uniformes nazis et les tenues d’écolière. Il n’y a pas de mysticisme chez Robbe-Grillet qui, contrairement à Bataille, utilise l’imagerie religieuse comme un simple support esthétique. Mais, dans l’œuvre de Bataille, le corps du martyr n’est pas toujours érotisé. L’attrait de l’auteur pour l’anatomie du jeune martyr Fou-Tchou Li n’est d’ailleurs pas de nature sexuelle. Il s’agit, au contraire, d’une sorte de communion mystique, au delà du corps et de l’esprit:

Le jeune et séduisant chinois dont j’ai parlé, livré au travail du bourreau, je l’aimais d’un amour où l’instinct sadique n’avait pas de part: il me communiquait sa douleur où plutôt l’excès de sa douleur et c’était justement ce que je cherchais, non pour en jouir, mais pour ruiner en moi ce qui s’oppose à la ruine. (Bataille, 1943: p.72)

C’est donc en se dégradant, physiquement mais aussi moralement, que l’homme acquiert une certaine supériorité. Cette inversion des valeurs est parfaitement illustrée par les paroles de Madame Edwarda, le personnage éponyme de la nouvelle de Bataille qui fait de la maison close dans laquelle elle officie une église inapaisante. Or Madame Edwarda se présente comme une véritable porte-parole de l’auteur qui reprendra, à son propre compte, dans son essai Le Coupable, ses mêmes paroles:

Une maison close est ma véritable église, la seule assez inapaisante. (Bataille, 1944: p.16)

Dans son ouvrage Georges Bataille, la part de l’art: la peinture du non-savoir, Vincent Teixeira va même jusqu’à dire que l’église est le bordel de Bataille, un lieu sacré de liberté et de nudité où croît le goût de l’autodestruction (Teixera: p.93). En se dégradant, l’homme atteint une sorte de supériorité morale qui l’apparente aux saints suppliciés dont la volonté suprême réside dans l’idée de se rapprocher d’une certaine forme de perfection divine. Selon l’historien Daniel Boyarin, auteur de Mourir pour Dieu, l’invention du martyre aux origines du judaïsme et du christianisme, c’est à partir de la fin de l’Antiquité que la mort du martyr fut comprise comme un mandat religieux en soi et non seulement comme la manifestation de la préférence d’une «mort violente» sur «le fait de se conformer à un décret» (Boyarin: p.101). Pour les chrétiens, avec Ignace au premier chef, ce fut même un aspect central de l’expérience de l’imitation du Christ. Chez Bataille, il n’y a de sainteté que dans la dépravation comme le prouve l’évocation dans «Histoire de rats» de la mort de M:

Au sein même de la mort, M. exhalait dans sa douceur, une sainteté qui me prit à la gorge. Qu’avant de mourir, elle se débauchât mais comme une enfant- de cette manière hardie et désespérée, qui sans doute est signe de sainteté (qui ronge et consume le corps)- achevait de donner à son angoisse un sens d’excès- de saut par-delà les bornes. ( Bataille, 1962: p.56 )

Ce goût du blasphème cher à Bataille atteint son paroxysme dans Madame Edwarda lorsque le personnage éponyme, prostituée lubrique et hystérique, affirme être Dieu. L’état de dépravation extrême dans lequel se trouve la jeune femme lui a permis d’accéder au rang de déité. Comme a pu le dire Bataille dans Le Coupable, si l’érotisme mène à la misère, les états mystiques et extatiques, qui n’entraînent pas de ruine matérielle ou morale, ne se passent pas de sévices exercés contre soi-même. L’écrivain évoque, pour mieux expliciter son propos, la figure d’Angèle de Foligno, religieuse franciscaine du XIIIème siècle qui fut l’une des premières grandes mystiques reconnues par l’église catholique romaine. Femme mariée, ayant connu les plaisirs de la chair, Angèle de Foligno se convertit sur le tard, suite à une apparition de saint François d’Assise. En proie à de violentes crises de mysticisme, elle s’infligea durant tout le reste de sa vie de violentes mortifications. La religieuse franciscaine entre en relation directe avec la figure du martyr vu précédemment. Il y a, en effet, quelque chose de profondément érotique dans cette idée de renoncement totale. Il semble intéressant d’interroger ici l’un des sens vieilli du mot érotisme qui se définissait, avant tout, comme une impulsion à aimer et une tendance à vivre l’amour. La passion extrême de la religieuse pour Dieu est donc aussi destructrice que celle des débauchés sadiens pour le sexe. Or, comme l’a souligné Bataille dans Les Larmes d’Eros, le sens de l’érotisme échappe à quiconque n’en voit pas le sens religieux (Bataille, 1959: p.62). L’ascèse se présente donc comme une forme de sacrifice extrême qui amène l’homme à l’extase. Ainsi, dans Histoire de l’œil, le prêtre, violé et torturé, à l’intérieur de la sacristie, semble acquérir, au cœur même de son supplice, une sorte de beauté extatique qui le rapproche de la figure du saint Sébastien peint par Guido Reni:

Une sorte de joie absurde commença à lui ouvrir la bouche, il croisa les bras sur sa poitrine nue et nous regarda enfin avec des yeux extatiques: le martyre… un étrange état de purification était venu au misérable et ses yeux en étaient comme illuminés. (Bataille, 1951: p.134)

Ce n’est pas tant la souffrance enduré par le martyr que l’état de dépravation dans lequel il se trouve qui lui a permis d’atteindre cette plénitude. Cette idée est développée dans La littérature et le mal. Dans cet ouvrage, Bataille dit qu’il y a dans la sensualité, un trouble et un sentiment d’être noyé, analogue au malaise que les cadavres dégagent (Bataille, 1957: p.36). Or ce sentiment de perdition est, sans doute, similaire à celui ressenti par le martyr à l’approche de la mort. Si la religion chrétienne condamne l’érotisme, elle est cependant, en partie, constituée par lui. Dans La Part maudite, Bataille évoque d’autres types de religions dans lesquels l’érotisme tient aussi une place prépondérante. La victime des sacrifices ancestraux de la Pâque de résurrection de Mexico avait, par exemple, la possibilité de jouir, avant de mourir, des faveurs de quatre jeunes filles élevées dans ce seul et unique but. Il participait également à la fête orgiaque en l’honneur de sa propre mort. Le condamné était considéré par le peuple comme une véritable divinité. La débauche à laquelle il se livrait, à l’orée de sa mort, faisait partie des rites qui lui permettaient d’atteindre une sorte d’état semi-divin. Chez Bataille, la sexualité, dans son état le plus dégradé, confine au Sacré. Dans Le Mort, Marie se vautre dans la luxure la plus immonde. Les perversions coprophages et masochistes auxquelles se livre la jeune femme font d’elle une martyre au même titre que les condamnés mexicains évoqués dans La Part maudite. Marie se sacrifie dans l’espoir d’entrevoir une vérité qui ne nous sera jamais révélée. Dans Théorie de la religion, Bataille dit que l’homme ne se connaît vraiment lui-même que lorsque la conduite du sacrifice, cessant d’être une énigme, lui apparaît révélatrice de son être intime (Bataille, 1948: p.57) . Les héroïnes de Le Mort et de Ma Mère, en se donnant la mort, mettent fin à leur propre expérience des limites puisque l’idée de mal, pour reprendre les paroles de Madeleine à la fin de Ma Mère, résiderait dans le seul fait de survivre à ses actes:

Je veux mourir, «j’ai brûlé mes vaisseaux». Ta corruption était mon œuvre:je te donnerais ce que j’avais de plus pur et de plus violent, le désir de n’aimer que ce qui arrache les vêtements. Cette fois, ce sont les derniers. (Bataille, 1966: p.222)

La violation des interdits, même si elle amène la mort, permet aux personnages de Bataille d’acquérir une supériorité qui les apparente au surhomme sadien. Le refus de toute limite morale transforme ces personnages, comme ceux de Sade, en véritables divinités. Dans Ma Mère, Pierre finit même par confondre la figure de sa mère avec celle de Dieu:

[…] et ma mère dans ses crimes était plus proche de Dieu que rien de ce que j’avais aperçu par la fenêtre de l’Eglise. Ce qui pendant ces interminables journées de ma solitude et de mon pêché ne cessa pas de me dresser de la même façon que le cri sur une vitre de la fourchette fut le sentiment que le cri de ma mère l’élevait en Dieu, dans le même sens où la terreur et l’idée vertigineuse de Dieu s’identifient. (Bataille, 1966 : p.156)

Dans la transposition cinématographique de Christophe Honoré, le personnage de Pierre, interprété par Louis Garrel, demande à sa mère, incarnée par Isabelle Huppert, de le bénir avant son départ. Honoré retient du texte de Bataille, cette fascination pour tout ce qui a trait à la transgression et au blasphème. Si Madeleine, la mère incestueuse du roman de Bataille est une divinité, elle est plus proche de la figure de Dionysos, évoquée dans Les Larmes d’Eros, que de Jésus Christ même si elle inspire à son fils un dégoût mêlé de fascination similaire à celui qu’il éprouve à la vue des plaies d’un Christ en croix. La religion, si elle est pervertie, ne perd pas donc jamais son caractère sacré:

J’avais dans le temps de ma piété médité sur le Christ en croix et sur l’immondice de ses plaies. La nausée suppliante qui venait d’un abus de la volupté m’avait ouvert à cet affreux mélange où il n’était plus de sensation qui ne fût portée au délire. […] La jouissance que je lui donnais, le désir de la volupté qui l’ouvrait à moi, le bonheur d’agacer la profonde nudité de son corps, de la découvrir et de m’en troubler, s’étaient substitués au tremblement, au sursaut et à la vision que m’avaient donnés la présence divine, qui jadis me parlait, qui m’appelait, qui me suppliciait. (Bataille, 1959: p.126)

Le dépassement des limites physiques et morales des personnages permet l’émergence d’une nouvelle incarnation de la figure du martyr. Si le suicide de Madeleine est elliptique dans le roman de Bataille, il clôt le film de Christophe Honoré. Le personnage d’Isabelle Huppert finit, en effet, par se couper la gorge alors qu’elle masturbe son fils. La dérive sexuelle de Madeleine est devenue aussi paroxystique que les mortifications extrêmes de certains saints devenus martyrs. Sa mise à mort volontaire peut même être mise en relation avec celle de saint Ignace qui concevait le martyr comme un sacrifice envers le Christ. Avant de périr, dévoré par les bêtes sauvages des arènes de Rome, Ignace d’Antioche confiait, dans sa lettre aux romains, son désir de devenir, à sa mort, le pain du Christ. Dans Ma Mère, le suicide de Madeleine n’a pas à proprement parler de visée mystique. Il est cependant constitué, comme pour saint Ignace, par un désir, celui d’engendrer la défaillance du fils incestueux. Le martyr pervers des œuvres de Bataille est donc toujours à la recherche d’un ailleurs que seules les douleurs physiques et morales les plus extrêmes lui permettent d’entrevoir. Cette idée d’un lien intrinsèque entre douleur et connaissance fait du martyr une figure fascinante auxquels le cinéma de genre s’est également intéressé. Avec Martyrs, long-métrage horrifique sorti en 2008, Pascal Laugier se place dans la parfaite filiation de Bataille. Les jeunes filles torturées du film entrevoient une Vérité que les spectateurs, à l’image des lecteurs d’Histoire de l’œil et de Ma Mère, n’apercevront jamais. Bien qu’il puisse être rattaché au genre du torture porn, le film d’Augier se démarque des productions horrifiques du type Saw ou Hostel. Les bourreaux, contrairement aux tueurs en série des films d’horreur traditionnels, ne prennent aucun plaisir à torturer leurs victimes. Celles-ci sont de simples cobayes leur permettant d’entrevoir l’extase mystique ressenti par le martyr à l’orée de sa mort. Délestées du caractère sexuel que Bataille confère à la figure du martyr, les jeunes femmes du film d’Augier se présentent comme des messagères divines. Elles transmettent une parole réconfortante à leurs bourreaux. Écorchée de la tête aux pieds, Anna enseignera à Mademoiselle une vérité qui la poussera à se suicider. Délestées du poids du corps et de la chair, les martyres du film d’Augier incarnent le passage de la vie à la mort. Martyrs est un anti torture porn puisqu’on ne cherche plus à montrer le plus de morts violentes possibles mais à mettre en scène, d’une manière similaire à celle du Salo de Pasolini, la réification des êtres. Dans Martyrs, on souffre, on gémit, on porte les stigmates d’un corps blessé qui trouvera néanmoins, à l’approche de la mort, un sens à son terrible supplice. Il est rare qu’un film de genre possède une dimension métaphysique aussi forte. Bien que le caractère érotique de la figure du martyr soit occulté par le cinéaste, on retrouve, chez lui comme chez Bataille, ce même désir de chercher à faire voir et entendre ce qui est de l’ordre de l’indicible.

Bibliographie

Bataille, Georges. 1943. L’expérience intérieure. Paris: Gallimard, 180 p.

Bataille, Georges. 1944. Le Coupable. Paris: Gallimard, 252 p.

Bataille, Georges. 1948. Théorie de la religion. Paris: Gallimard, 159 p.

Bataille, Georges. 1949. La Part maudite. Paris: Minuit, 165 p.

Bataille, Georges. 1951. Histoire de l’oeil. Paris: Pauvert, 140 p.

Bataille, Georges. 1956. Madame Edwarda. Paris: Pauvert, 76 p.

Bataille, Georges. 1957. La littérature et le mal. Paris: Gallimard, 288 p.

Bataille, Georges. 1959. Les Larmes d’Eros. Paris: Gallimard, 128 p.

Bataille, Georges. 1962. L’impossible. Paris: Minuit, 188 p.

Bataille, Georges. 1966. Ma Mère. Paris: Pauvert, 206 p.

Bataille, Georges. 1967. Le Mort. Paris: Pauvert, 40 p.

Boyorin, Daniel. 2004. Mourir pour Dieu, l’invention du martyre aux origines du judaïsme et du christianisme. Paris: Bayard, 288 p.

Eco, Umberto. 2007. Histoire de la laideur. Paris: Flammarion, 453 p.

Laure,. 1971. Écrits de Laure. Paris: Pauvert, 313 p.

Teixeira, Vincent. 2000. Georges Bataille, la part de l’art: la peinture du non-savoir. Paris: L’Harmattan, 224 p.

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