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Émilie Houssa
couverture
Article paru dans Œuvres web, sous la responsabilité de Équipe LMP (2007)

Œuvre référencée: Perdriel, Ernst. 2001. [ ], Collage web (désormais hors-ligne1Anciennement accessible sur le site web de The ARTproject: https://web.archive.org/web/20030109103747/http://www.theartproject.net/pages/263ep_[].htm [Page consultée le 3 août 2023])

   

Présentation de l’œuvre

Résumé de l’œuvre

[ ] d’Ernst Perdriel est une œuvre tirée de The ARTproject. L’œuvre se présente comme un collage de grands aplats de couleur rouges, gris et bleus sur un fond jaune orangé. Au centre de ces aplats, qui pourraient ressembler à de larges découpes de gouaches, se trouve une image qui semble être une photo numérisée de la tête de la statue de la liberté. L’image numérisée est dans les tons gris/verts comme un détail pris d’une vieille photographie. Cependant sur le côté supérieur droit on remarque des traits rouges qui se superposent à l’image. Ces traits sont difficiles à déterminer, il peut s’agir d’un ajout de l’auteur, à la gouache par exemple, ou bien encore d’une partie d’un détail de l’image originale, comme un bout d’inscription. Cette image est insérée au centre d’un aplat bleu lui même contenu dans un aplat gris. Cette disposition rappelle une schématisation d’un poste de télévision qui serait posé sur une table rouge.

L’œuvre travaille sur la simplicité de l’évocation. Les traits sont francs, on reconnaît sans mal le détail appartenant à la statue de la liberté et pourtant, le fait que tout soit assemblé et repose sur la pratique du collage laisse place à l’interprétation. Chaque morceau collé laisse deviner son autonomie et permet de faire planer un certain mystère sur l’assemblage final. Le titre lui-même, [ ], appelle à l‘interprétation, ou tout au moins laisse entrevoir que l’œuvre peut se présenter comme un moment et un espace de réflexion. De plus la phrase mise sous l’œuvre par l’auteur, «The title of this collage symbolize an unnameable tragedy and enjoin the silence», insiste sur deux points mis en avant plus haut, soit la forte tendance symbolique de l’œuvre et la volonté de l’auteur de créer, à travers elle, un moment de réflexion sur les événements du 11 septembre 2001.

  

Précision sur la forme adoptée ou sur le genre

Collage web tiré d’un site web d’exposition, d’échange, de discussion et de mémoire.

  

Précision sur les modalités énonciatives de l’œuvre

Ce collage se présente comme un hommage aux victimes des attentats du 11 septembre en proposant une symbolique forte qui invite au silence (peut-être au recueillement?).

  

Modalités de présence du 11 septembre

La présence du 11 septembre est-elle générique ou particularisée?

La présence du 11 septembre est symbolique dans cette œuvre. Les événements ne sont pas représentés, ni même leurs conséquences, l’œuvre se pose plus comme une réponse, un regard extérieur et analyseur des événements, de leur retransmission, et des réactions qu’ils ont provoquées.

  

Les événements sont-ils présentés de façon explicite?

Les événements du 11 septembre ne sont pas représentés de façon explicite. L’œuvre joue avant tout sur la symbolisation qui en a été faite, mais aussi sur le symbole qu’ils représentent. Cette dernière idée se ressent surtout avec la phrase ajoutée par l’auteur. Les mots sont ici très importants. Les termes qu’emploie l’auteur ne sont pas anodins, il parle de «tragédie innommable» et c’est lui-même qui évoque le côté symbolique du titre (symbolisation que l’on peut généraliser à l’œuvre).

Aucun mode de transport n’est représenté, en revanche, les moyens de communication sont évoqués, notamment à travers la représentation schématisée du poste de télévision. Pour autant, cette schématisation semble permettre le cadre de représentation de l’image collée en hommage aux victimes de cette «tragédie innommable». C’est là toute l’ambiguïté de l’œuvre.

  

Quels sont les liens entre les événements et les principaux protagonistes du récit (narrateur, personnage principal, etc.)?

Cette œuvre semble se situer à la frontière du point de vue individuel et collectif. Ce collage peut représenter tout à la fois le point de vue de l’auteur sur la réception des événements, mais aussi, et à une échelle plus large, un hommage dédié aux victimes des attentats. Et, encore une fois, la phrase citée en exergue, accentuant l’aspect symbolique de l’œuvre, qui invite avant tout à penser l’œuvre comme un espace collectif de réflexion autour des événements.

  

Aspects médiatiques de l’œuvre

Des sons sont-ils présents?

Il n’y a pas de son (intra ou extra diégétique) lié à cette œuvre.

  

Y a-t-il un travail iconique fait sur le texte? Des figures de texte?

Le titre de l’œuvre ([ ],) peut évoquer une figure de texte, puisqu’il inscrit, par sa forme même, un espace à (pour) penser. De plus la phrase ajoutée par l’auteur en dessous de l’œuvre donne à relire l’œuvre présentée.

  

Autres aspects à intégrer

N/A

  

Le paratexte

Citer le résumé ou l’argumentaire présent sur la 4e de couverture ou sur le rabat

«The title of this collage symbolize an unnameable tragedy and enjoin the silence.»

  

Intentions de l’auteur (sur le 11 septembre), si elles ont été émises

N/A

  

Citer la dédicace, s’il y a lieu

Aucune.

  

Donner un aperçu de la réception critique présente sur le web

La page consacrée à l’œuvre dans ARTproject est également visible en dehors du site du projet. Cependant, il n’y a pas de texte critique qui semble directement concerner cette œuvre.

   

Impact de l’œuvre

Impact inconnu

  

Pistes d’analyse

Évaluer la pertinence de l’œuvre en regard du processus de fictionnalisation et de mythification du 11 septembre

[ ] joue sur la forte charge symbolique qui a été accolée aux événements du 11 septembre 2001 et à leurs représentations. L’œuvre se présente comme un espace de réflexion sur le processus de représentation des attentats, mais en même temps, participant à l’hommage universel rendu aux victimes des événements (par son exposition web), [ ] entre dans le processus de mythification des événements.

De plus, Ernst Perdriel, si l’on en croit la phrase mise en exergue sur la page de présentation de l’œuvre, cherche à créer un espace de réflexion, certes, mais une réflexion conditionnée par les termes qu’emploie l’auteur pour qualifier les événements, c’est-à-dire «tragédie innommable». Ce faisant, l’auteur fait entrer son œuvre dans la série des représentations qui ont travaillé à mythifier les attentats, notamment en les qualifiant de tragédie.

L’ambiguïté de l’œuvre exposée plus haut, quant à la représentation des moyens de communication et des médias, se retrouve donc au cœur même de l’œuvre. L’espace de réflexion que propose l’auteur semble conditionné par les éléments mêmes que l’auteur paraît vouloir dénoncer par son œuvre. Cette œuvre réfléchit en abyme à la force de l’impact du processus de mythification qui s’est opéré, et qui s’opère toujours, autour des attentats du 11 septembre 2001.

  

Donner une citation marquante, s’il y a lieu

N/A

  

Noter tout autre information pertinente à l’œuvre

N/A

Captures d’écran

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