Table ronde, 13 avril 2011

La matérialité du livre d’artiste

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Le 13 avril 2011 s’est tenue une table ronde, organisée par le comité étudiant de Figura, intitulée «La matérialité du livre d’artiste». Avec la participation d’Andrée-Anne Dupuis-Bourret, Gabriel Tremblay-Gaudette et Céline Huyghebaert.

Communications de l’événement

Andrée-Anne Dupuis-Bourret

Le livre d’artiste: de la surface à l’espace

Mes recherches investissent surtout l’espace de toute qui se situe entre la pratique et la théorie, entre la création, la production et la diffusion. C’est dans ce type de recherche que s’incarne mon travail de livre d’artiste que je vais vous présenter aujourd’hui.

Depuis 10 ans j’aborde la notion d’espace géographique par l’exploration et la rencontre de divers palliers de représentation. (cartographiques, topographique, architectural, paysager, géométrique). C’est par une approche installative qui est issue de l’image, ainsi que par des oeuvres papier, des livres d’artiste et des animations, que j’explore le seuil entre l’espace réel et l’espace imaginé. Je m’intéresse à  ces deux moments d’espace comme un mouvement entre une extériorité et une intériorité, une circulation entre le dehors et la pensée.

Andrée-Anne Dupuis-Bourret est détentrice d’une maîtrise en arts visuel de l’Université du Québec à Montréal. Sa pratique artistique s’articule principalement autour de l’installation et du livre d’artiste.

Gabriel Tremblay-Gaudette

Le livre d’artiste à l’ère de la reproductibilité numérique

«J’aimerais un jour voir des livres d’artistes bien en vue les rayons des supermarchés, des drugstores et des boutiques d’aéroports». Ce voeux, exprimé en 1967 par Lucy Lepard et raporté par Daniel Blouin, ne pourrait être rendu possible, selon Blouin, que par l’utilisation d’un média de masse dépourvu de l’aura d’oeuvre d’art et servant à faire circuler les idées, les concepts ainsi que les interventions d’artistes remettant en question le marché de l’art ainsi que son produit.

Le doux rêve de Lepard apparait toutefois antinomique avec la manière dont la pratique du livre d’artiste s’est développée au dernier siècle. Soit dans une tradition de reproduction artisanale dont la rareté l’investit de cette aura décrite par Walter Benjamin dans son célèbre texte de 1936 et qui, paradoxalement, devra être délaissée afin de transformer le livre d’artiste en production de masse, disponible en librairie et accessible au grand public.

Gabriel Tremblay-Gaudette a complété un doctorat en sémiologie à l’Université du Québec à Montréal. Ses recherches portent sur la sémiotique de l’iconotextualité dans la littérature nord-américaine contemporaine. Il a complété un mémoire de maîtrise en études littéraires portant sur le tressage comme processus interprétatif dans lequel il a pris comme objet d’étude principal Watchmen, d’Alan Moore et Dave Gibbons.

Céline Huyghebaert

Livres-objets, livres-sculptures, livres modifiés…

Le livre d’artiste est l’objet autant d’une fascination, chez certains publics, que d’irritation pour d’autres. Les premiers se délectent de son caractère artisanal, son tirage en édition limité, l’originalité de chacune des pièces, les autres fustigent son illisibilité, due autant au travail sur la matérialité de l’oeuvre qu’aux modalités de conservation et d’exposition qu’il implique. Souvent cher, peu diffusé, difficile à manier, son aspect est paradoxalement parfois tellement artisanal qu’on pourrait facilement le désigner sous le thème d’un bricolage.

On le voit à cette conception du livre d’artiste, qu’elle soit élogieuse ou critique, qu’elle repose sur une vision élitiste d’un médium destiné à un public de connaisseurs. Ce que je propose ici est d’envisager le livre d’artiste comme un espace alternatif et démocratique, en somme de revenir à son identité première telle qu’elle a été pensée par les avant-gardes. Dès lors on pourra voir dans cette forme marginale du livre un espace d’exploration.

Céline Huyghebaert est diplomée de la maîtrise en études littéraires et doctorante en études et pratiques des arts à l’Université du Québec à Montréal. Elle a également été chroniqueuse en arts visuels et littérature pour la revue Spirale ainsi que le blogue Ma mère était hipster.

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