Colloque, 12 décembre 2015

Excursion touristique en terres néoromanesques

Claudia Bouliane
couverture
Repenser le réalisme. IIe Symposium international de sociocritique, événement organisé par Jean-François Chassay, Elaine Després, Djemaa Maazouzi, Olivier Parenteau, Geneviève Sicotte et Bernabé Wesley

«Dès l’après-guerre, un important changement de paradigme s’opère dans la façon dont la littérature conçoit le voyage. On ne lit donc plus seulement les récits de voyage des grands auteurs, mais aussi des romans dans lesquels des Français moyens courent le monde. Les vacances ne se limitent plus, dans les œuvres des poètes et des cinéastes et des essayistes aux villégiatures en maison secondaire campagnarde ou à bord d’un bateau de croisière princier, mais comprennent désormais les séjours  dans les campings sociaux, les hôtels de deux étoiles confort, les villages vacances famille et les stations balnéaires bon marché qui pullulent en France et ailleurs. Les représentations des estivants, des festivaliers et autres vacanciers, faites par ceux qui les accueillent avec bienveillance ou non, foisonnent dans la production artistique et littéraire des années 1950 et 1980.

Ce qui surprend un peu, du moins pour une néophyte comme moi, c’est le grand nombre d’œuvres rassemblées – parfois à tort – sous la bannière du nouveau roman. Qu’il représente le tourisme de masse, qu’il fasse l’objet de scènes importantes ou qu’il apparaisse au détour d’une description dans une comparaison ou une métaphore. C’est le cas, notamment, de L’été indien de Claude Ollier, de Dix heures et demie du soir en été de Marguerite Duras ou de ses Petits Chevaux de Tarquinia, de L’observatoire de Cannes de Jean Ricardou, du Livre des fuites: un roman d’aventure de Le Clézio, de Six million huit cent dix mille litres d’eau par seconde de Butor et de Topologie d’une cité fantôme de Robbe-Grillet. Si le tourisme de masse se rencontre aussi souvent dans l’art et la littérature, c’est qu’il occupe de plus en plus de place dans la société française. Avec le second après-guerre naît une nouvelle phase du développement industriel, laquelle induit le passage d’un tourisme d’élite à un tourisme de masse.»

Claudia Bouliane est professeure adjointe à l’Université Brandon, au Manitoba. Elle est également la coordonnatrice du Centre de recherche interuniversitaire en sociocritique des textes (CRIST). Elle a obtenu un doctorat en littérature française à l’Université McGill. Son projet de recherche actuel porte sur la représentation du tourisme de masse dans l’art et la littérature française du XXe siècle. Elle est l’auteure de nombreux articles sur ce sujet et elle publiera prochainement un livre issu de son projet de recherche précédent sur la représentation de l’adolescence dans les romans français de l’entre-deux-guerres.

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