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D’«Éden, Éden, Éden» à «Littérature interdite». Pierre Guyotat et les politiques du textualisme

Julien Lefort-Favreau
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Article paru dans Politiques de la littérature. Une traversée du XXe siècle français, sous la responsabilité de Laurence Côté-Fournier, Élyse Guay et Jean-François Hamel (2014)

En 1970, Tel Quel est entre deux eaux politiques. La revue entretient des rapports étroits avec le Parti communiste français (PCF) depuis le Congrès d’Argenteuil de 1966 à partir duquel ce dernier amorce une phase d’«ouverture culturelle». Ce congrès est placé sous l’égide de la déclaration «le marxisme est l’humanisme de notre temps», concédant ainsi une autonomie aux sciences et aux arts et marquant la volonté pour le Parti de ne pas confiner l’art aux stricts codes du réalisme socialiste. Dans les mois qui précèdent les premiers pourparlers avec le PCF, certains membres du comité de rédaction de Tel Quel se sont toutefois montrés intéressés par le maoïsme, alors naissant en France, mais Marcelin Pleynet avait réussi à les convaincre de ne pas se laisser emporter par l’enthousiasme pro-chinois. Sous un apparent consensus, la conversion de la revue au communisme ne se fait donc pas sans heurts; Jean Ricardou, Jean Thibaudeau et Denis Roche ne sont pas enclins à une trop grande radicalisation de la revue, craignant une transformation de Tel Quel en organe militant. Certains voient d’ailleurs cette collaboration comme une provocation, car dans les milieux d’avant-garde, le PCF est considéré comme une institution désuète et réactionnaire. Cette alliance entre une «jeune» revue et un parti au poids politique déterminant semble servir des intérêts stratégiques de part et d’autre. Toutefois, l’archaïsme stalinien du PCF finira par rebuter les telqueliens et la revue poursuivra son chemin vers le maoïsme.

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