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Paul Valéry et la politique de l’Esprit. Fiducie, langage, littérature

Rachel Nadon
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Article paru dans Politiques de la littérature. Une traversée du XXe siècle français, sous la responsabilité de Laurence Côté-Fournier, Élyse Guay et Jean-François Hamel (2014)

Posant un regard lucide sur les grandes mutations qui secouent son époque, Paul Valéry dissèque le monde actuel avec patience, relevant, non sans pessimisme, les accrocs de la modernité à la dignité de l’esprit. Mais l’humanité n’en a jamais assez. Je ne sais, d’ailleurs, si elle sent qu’elle se modifie. Elle croit encore que l’homme est toujours le même. Nous le croyons!… c’est-à-dire que nous n’en savons rien!», écrit-il dans «Notre destin et les lettres».

Cette critique de la crédulité et de l’inconscience humaine s’inscrit dans une réflexion bien plus vaste que mène le poète, au fil de ses écrits, sur la politique de l’Esprit. Né en 1871 et mort en 1945, grand ami d’André Gide, qui le sortira de son mythique silence littéraire, et de Stéphane Mallarmé, qu’il ne cessera jamais d’appeler «maître», Valéry est de ces poètes qui sont «mort[s] deux fois», vaincu à la fois par la maladie et par une critique qui en a fait la figure du grand Absent, de l’intellectuel désincarné au regard tourné vers l’Absolu. Or, si l’écrivain a rejeté toute forme d’intrusion dans les affaires de la cité au nom de la littérature, s’il a préféré, devant l’urgence, être architecte plutôt que pompier, il n’en a pas moins réfléchi à la liberté et à la politique, tant dans ses essais, dans ses conférences que dans ses Cahiers: 29 tomes où se retrouve régulièrement une rubrique «HP», pour «Histoire-Politique».

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