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«L’amour pédérastique est pauvre de substance». L’attitude ambivalente de Georges Hérelle à l’égard de l’amour entre garçons

Clive Thomson
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Article paru dans Du convenable et de l’inconvenant. Littérature française du XIXe siècle, sous la responsabilité de Véronique Cnockaert et Sophie Pelletier (2015)

Il est probable que les collègues de Georges Hérelle (1848- 1935), qui l’ont connu et fréquenté dans les nombreux lycées où il a enseigné (Dieppe, Vitry-le-François, Evreux, Cherbourg, Bayonne), le percevaient comme un professeur exemplaire et parfaitement «convenable». Les gens autour de lui voyaient bien qu’il avait, dans le contexte de ses activités parallèles, deux passions: ses recherches sur le théâtre populaire basque et son travail de traducteur. Hérelle était très fier de ses ouvrages d’érudition portant sur les «pastorales basques» auxquelles il consacrait d’énormes énergies à partir de 1899, lorsqu’il était professeur de philosophie à Bayonne.

A la même époque, il jouit d’une belle réputation comme le traducteur attitré des oeuvres de Gabriele D’Annunzio. Un tout petit cercle d’amis intimes était au courant, toutefois, qu’Hérelle avait une passion cachée —ses enquêtes sur «l’amour grec» et «l’inversion sexuelle». Cette passion se manifestait, elle aussi, dans des publications scientifiques érudites, mais la différence importante, par rapport aux autres, était qu’Hérelle ne les signait jamais de son vrai nom. «Agricola Lieberfreund» et «L. R. Pogey-Castries» sont les deux pseudonymes dont il se servait. Il donnait libre cours à sa passion pour ce qu’il appelait, à l’occasion, ce sujet «scabreux, mais nouveau», dans sa correspondance avec ses amis proches, dans ses enquêtes «sur le terrain», dans son journal intime et dans les Petits mémoires littéraires qu’il a rédigés vers la fin de sa vie.

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