Cahiers Figura, numéro 36, 2014

La pensée écologique et l’espace littéraire

Sylvain David
Mirella Vadean
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Que peut la pensée écologique? Sur le plan économique, elle reflète l’immense croissance du secteur vert; sur le plan politique, elle invite à une responsabilité accrue; sur le plan technique, elle s’inscrit dans un horizon d’attente et suscite des angoisses; comme savoir, elle infiltre de nombreuses disciplines (de la biologie au marketing) et permet de développer des compétences transversales; dans tous les cas, elle se heurte à des phénomènes qui soulèvent encore bien des questions. Une ressource insoupçonnée de la pensée écologique se révèle toutefois lorsqu’on lui fait quitter le domaine scientifique du constat pour l’ouvrir à la sensibilité poétique. Elle permet alors de concevoir le monde comme habitation (oikos), plutôt que simple environnement; elle invite, dans une perspective de sur-vie, à repenser la relation au milieu.

Avec des textes d’Anaïs Boulard, Sylvain David, Pierre-Alain Gouanvic, Christian Guay-Poliquin, Philippe Handfield, Julia Holter, Stéphanie Posthumus, Mirella Vadean et Gabriel Vignola.

Articles de la publication

Sylvain David & Mirella Vadean

La pensée écologique et l’espace littéraire [Introduction]

L’écologie est un thème clé de la pensée actuelle. Bien que la pensée en lien avec ce domaine s’éveille dès l’Antiquité, c’est Montaigne qui semble le mieux en exprimer la teneur à travers son discours sur la nature. La “mesme nature”, principe unificateur des choses les plus disparates, en tout ce qui est humain et non-humain, s’estompe toutefois quelques décennies après la mort de l’essayiste.

Stéphanie Posthumus

Écocritique et «ecocriticism». Repenser le personnage écologique

Pour faire un portrait de ce nouveau sujet contemporain, Andermatt Conley s’appuie sur la pensée d’Hélène Cixous, de Michel de Certeau et de Félix Guattari, des figures bien connues dans le paysage intellectuel français du XXe siècle, mais qui ne sont pas nécessairement associés à l’écologisme.

Anaïs Boulard

La pensée écologique en littérature. De l’imagerie à l’imaginaire de la crise environnementale

Le monde est-il en danger? Cette question semble habiter les esprits contemporains. En effet, la possibilité de la fin de notre ère est bien souvent évoquée et génère un discours public anxiogène.

Julie Holter

«Mon mode de résistance s’appelle poésie». Pensée écopoétique de Michel Deguy

Malgré l’engagement de Michel Deguy autour de thèmes plutôt en vogue (l’écologie et le déclin culturel), sa pensée reste assez peu connue du public nord-américain. Sa poésie, quant à elle, est encore peu traduite en anglais, et ceci en dépit de la place importante qu’occupe Deguy dans le paysage poétique contemporain francophone, au milieu des plus grands, tels Yves Bonnefoy ou Philippe Jaccottet.

Pierre-Alain Gouanvic

Conscience et nature après l’Affaire Sokal

Parmi les plus grands succès du box-office mondial, Avatar occupe une place particulière parce que l’expérience qu’il fait vivre aux millions de spectateurs et celle vécue par le protagoniste sont fusionnés pour produire l’expérience de l’évasion dans l’imaginaire la plus enveloppante -à grand renfort de 3D- qui soit (selon les adeptes du film).

Sylvain David

Cosmo/logos. Sorties littéraires de la modernité

La cosmologie des modernes serait, selon l’anthropologue Philippe Descola, en train de montrer des signes d’usure, si ce n’est de carrément “vaciller”. Une cosmologie est, je le rappelle, une manière de connaître un monde, ou, plus précisément, de répartir et ordonner les éléments qui le constituent. Dans le cas des modernes, ce partage et cette catégorisation reposent sur une distinction tranchée entre une nature, universelle et partagée, et la culture (ou civilisation), strict apanage de l’humain.

Christian Guay-Poliquin

La fin, la fin et la fin. Sociocritique de l’imaginaire écologique chez Antoine Volodine

Si l’oeuvre d’Antoine Volodine s’avère pertinente pour illustrer une filiation entre l’espace littéraire et l’imaginaire écologique, c’est qu’elle est concurremment déconcertante et révélatrice. Déconcertante parce que l’univers post-exotique mystifie tous les repères historiques, géographiques et temporels de façon à plonger le lecteur dans un monde fictif qui lui est néanmoins étrangement familier. Révélatrice parce que cette mystification permet de mettre de l’avant, à partir de ce monde parallèle marqué non seulement par la déroute des idéaux du passé, mais surtout par les lendemains de leur péremption, de nouveaux paradigmes d’intelligibilité de notre histoire passée, présente et à venir.

Philippe Handfield

Le sublime chez Houellebecq. De la domination à la réconciliation dans notre rapport avec la nature

Le paradigme cybernétique modélise aujourd’hui notre vision du monde, de l’homme, de notre corps et de notre existence. La cybernétique réduit l’Être à la transmission d’informations, elle se caractérise par la volonté de communiquer sans cesse, de devenir transparent et ouvert, avec une efficacité et une rapidité toujours plus accrues. Devant la seconde loi de la thermodynamique, qui détermine l’accroissement constant de l’entropie dans l’univers, Norbert Wiener, mathématicien et père de la cybernétique, conçoit l’information comme une résistance au désordre.

Gabriel Vignola

Pierre Perrault et la parole de la nature. Écocritique du direct

Dans «La Politique des États et leur géographie», Jean Gottmann pose la problématique des relations internationales à partir de cette hypothèse: «On peur se demander si l’humanité habitant une boule de billard aurait été divisée en autant de groupements différents que les États de notre planète.» L’auteur suppose ici l’influence sur le développement des sociétés humaines de la diversité climatique et biologique de la planète.

Mirella Vadean

L’esprit comme «milieu» des idées. Une inspiration écologique à partir des écrits de Marie Darrieussecq

Peut-on comprendre, à la lumière du savoir écologique, l’esprit comme milieu des idées? Quel serait, depuis cette perspective, le rapport entre l’esprit et l’entendement, ces deux grandes catégories de la pensée? Il a été montré que «l’entendement ne connaît rien par ses seules forces». Les opérations logiques sont conduites par lui, «mais à la condition que la sensibilité lui fournisse les éléments sur lesquels [l’entendement] travaille».

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