Colloque, 25 au 27 mai 2017

Symposium Récit Nomade

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Le Symposium Récit Nomade a pour but d’approfondir le dialogue interdisciplinaire en recherche-création sur la problématique des récits de voyage artistiques. Le Symposium s’est déroulé sur 5 jours et sa programmation a fait appel à 5 catégories principales de présentations: réflexion et analyse; atelier de création; présentation hypermédiatique; récit d’expérience de création; et représentation artistique. Des livres et des œuvres ont été exposés tout au long de l’événement dans le cadre de la Vitrine artistique du Symposium.

Le Symposium repose sur une plateforme de recherche-création adaptée autant à la diffusion universitaire qu’au grand public. Par le biais de cette formule unique, la création, la recherche et la recherche-création permettront le dialogue autour de la problématique des récits de voyage artistiques. Les participants et le public ont ainsi été appelés à réfléchir autant qu’à créer, à participer à des expériences immersives ou à saisir en quoi l’expérience de voyage peut concourir à la redéfinition de la posture du créateur. Plus encore, ils ont été appelés à réfléchir aux conditions et enjeux de reconfiguration du sensible par l’art au sein des communautés.

Étant un événement interdisciplinaire de recherche-création, le Symposium a visé comme public autant les chercheurs que les praticiens, cela dans tous les domaines de la création artistique. Les participants du Symposium proviennent de neuf disciplines différentes (design, danse, littérature, art visuel, musique, théâtre, sciences humaines, pédagogie, communication numérique) et ont mobilisé chacun des publics différents. Le grand public a également été convié au Symposium puisque les praticiens ont eu non seulement l’occasion de diffuser leurs œuvres, mais également d’exposer leur processus dans un contexte à la fois académique et artistique. Ce dialogue interdisciplinaire a été diffusé en direct, enregistré et mis en ligne par l’Observatoire de l’imaginaire contemporain et Figura, Centre de recherche sur le texte et l’imaginaire (UQAM). Par conséquent, le Symposium a permis la confluence de divers publics issus des milieux sociaux, culturels et universitaires.

Le Symposium regroupait des ateliers de création, des présentations hypermédiatiques, des récits d’expérience de création, des réflexions et des analyses ainsi que des représentations artistiques. Seules certaines présentations de l’ordre de la réflexion, de l’analyse ou du récit de création ont été archivées. Pour consulter le programme complet, veuillez vous référer au document PDF joint.

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Communications de l’événement

Isabelle Miron & François Thibeault

Récits nomades: enjeux et perspectives

Dans le cadre de cette présentation, les organisateurs du Symposium, Isabelle Miron et François Thibeault, présentent l’historique du projet Récit Nomade ainsi que les questionnements ayant motivé l’organisation du Symposium.

Mahdia Benguesmia

Isabelle Eberhardt, écrivaine et préceptrice des chemins qui mènent infiniment à l’autre, c’est-à-dire à vous, à moi, à tous

Née en Suisse dans le dernier quart du XIXe siècle, Isabelle Eberhardt épousera dès l’âge de vingt ans un pays de l’Afrique du Nord, l’Algérie, et devient un exemple de l’errance physique et spirituelle, tout en s’adonnant à l’écriture des mœurs locales avec une incomparable finesse de la plume, à une époque où les femmes étaient vouées à l’âtre et la procréation. Éprise des mœurs orientales, elle avait battu en brèche l’édifice conservateur et avait fondé «une chambre à soi», en plein désert du Sahara, et est venue montrer aux femmes que les véritables obstacles sont ceux que nous bâtissons nous-mêmes en nous. Nous viendrons rendre compte de son itinéraire fabuleux qui donnera la parole autant au chemin qu’à ceux qui le bordent, autant au regard qui galope qu’à celui qui s’attelle à construire sur la page blanche la poésie la plus élevée et la plus réaliste qu’on puisse écrire sur le cheminement, les rencontres, le partage et le respect de l’autre.

Jean-François Lacombe

Cartographie des espaces interstices

La problématique qui motive mes recherches actuelles concerne l’identité des lieux interstices. Je suis fasciné par ces espaces liminaires et par ce que certains appellent des non-lieux. J’observe les processus et les valeurs qui mènent à l’émergence de ces espaces ainsi que les tensions qu’ils exercent sur l’environnement naturel et urbain.

Concrètement, mon processus de création me pousse à habiter, pour de courtes périodes de temps, ces espaces abandonnés et ces lieux en friches. Ces périples hors du «temps social» me permettent de reconnecter avec une partie de moi-même inaccessible d’aucune autre façon. L’automne dernier, j’ai investi pendant cinq jours le village minier abandonné de Joutel (situé au nord de Val-d’Or) afin d’effectuer un repérage et de la capture d’images. Ce travail de recherche création était la première étape dans la cartographie de ce lieu abandonné. Ce projet verra l’émergence d’une esthétique cherchant à traduire les enjeux culturels et identitaires de ces ruines abandonnées par notre société de consommation.

Erica Letailleur

Une formation nomade pour dépasser d’invisibles frontières

Je propose d’ouvrir une réflexion sur l’acteur de théâtre en tant que créateur et «analogon», transcrivant, à travers sa propre existence sur et hors du plateau, une voie poétique dont le voyage est condition liminaire. Pour cela, je prendrai appui sur un exemple tiré d’une expérience de terrain réalisée dans le cadre de ma recherche doctorale, mais dont je n’ai traité que partiellement dans ma thèse.

Entre 2006 et 2013, le metteur en scène turc Ali Ihsan Kaleci développe, entre Paris et la Cappadoce, un module de formation professionnelle continue à destination d’artistes du spectacle vivant, dont le point culminant est l’organisation d’une résidence en Turquie. Les participants semblent alors aspirer à l’effacement total de toute frontière en eux-mêmes, pour ne plus chercher à voir et donner à voir que l’humain, au-delà des cultures. C’est l’artiste créolisé en sa chair vivante par l’expérience du voyage: une formation au vivant du spectacle, entre les frontières.

Catherine Lalonde Massecar

L’histoire telle qu’elle aurait pu être: artistes en filature dans le réel

Avec le duo Massecar • d’Orion, l’artiste interdisciplinaire Catherine Lalonde Massecar développe depuis 2015 une nouvelle série de projets dont le processus de recherche et de création se situe à la croisée de l’occupation longue durée du territoire, de la dramaturgie clandestine et de l’anthropologie du quotidien. C’est à travers une réactualisation performative des archives de l’œuvre Déclencheurs+Uchronique que l’artiste propose d’examiner le processus du duo dans une approche fragmentée qui alliera l’intuitif, l’artistique et le phénoménologique.

Anne Bécel, Louis Jolicoeur, Mahigan Lepage, Marie-Ève Martel & Isabelle Miron

Table ronde: voyage et processus de création

Cette table ronde réunit quatre écrivains reconnus pour leurs écrits de voyage et propose une discussion autour des principaux enjeux relatifs à l’écriture des récits de voyage ainsi que de l’influence que peut avoir l’expérience du voyage sur celle de la création. Les intervenants et intervenantes discutent notamment de l’impact du voyage sur le style de l’œuvre, sur les choix éthiques et esthétiques qui doivent s’opérer lorsqu’un écrivain écrit à partir d’une expérience de voyage, et de la place de la fiction dans les récits tirés d’une expérience réelle.

Avec la participation de Marie-Ève Martel, Mahigan Lepage, Louis Jolicoeur, Anne Bécel et Isabelle Miron.

Catherine Boisvenue

São de papel: maison papier

Pour le Symposium, je me réfère au travail élaboré en hiver 2016 lors de ma résidence artistique à Rio de Janeiro. Je propose de reproduire une installation de meubles de papiers cartons et d’affiches sauvages. Pour faire une corrélation entre le travail fait au Brésil et celui présenté et fabriqué à Montréal, je propose de développer une documentations photo d’actions qui ont nourri le processus du projet. Mon objectif est d’amener un échange sur une expérience invasive et cette idée de recherche axée sur le processus, la mise en relation et l’engagement artistique face à un environnement et/ou un groupe social distinct. L’artiste Robert Smithson a apporté la dialectique du site et du non-site à la fin des années 1960. Le site où je travaille se situe dans des environnements me décontextualisant et amenant un échange et une compréhension nouvelle de groupes culturels, de contextes sociaux-politiques et de réalités de la condition humaine.

Julie Bélanger

Processus créatif, voyage et présence attentive

En tant qu’artiste visuelle, je crois que le fait de travailler de ses mains peut amener le créateur à entrer dans le moment présent. Je pense également que le fait de voyager peut engendrer des états similaires. Je voudrais aborder cette manière de voir la création et le voyage en prenant appuis sur mon expérience d’artiste. J’aimerais parler d’un projet particulier d’art urbain que j’ai conçu dernièrement. J’ai installé dans les arbres du Parc Lafontaine une douzaine de statuettes en argile confectionnées à la main. Des instructions étaient disposées près des sculptures et invitaient les passants à garder la sculpture et à envoyer une photo de l’œuvre dans son nouvel habitât, créant ainsi un lien avec cette personne auparavant inconnue. J’invite ensuite les participants à peindre sur une roche et à la laisser quelque part de significatif pour eux la prochaine fois qu’ils se trouveront dans l’état du voyageur.

Lysanne Thibodeau

Autour de ma Chine

Avec «Autour de ma Chine», il s’agira pour moi de présenter l’expérience vécue lors d’un séjour de quatre mois en Chine continentale (octobre 2016 à février 2017). Lors de ce voyage, j’ai résidé dans quatre villes (Beijing, Guangzhou, Nanjing et Shanghai), où j’ai rencontré et travaillé, en tant que «chef d’orchestre», avec quatre groupes de dix à quinze artistes en art médiatiques et autres disciplines (scénaristes, réalisateurs, directeurs photo, monteurs, acteurs et actrices, peintres, graphistes, musiciens, etc). L’objectif était d’apprendre à mettre des idées en images en mouvement et ensuite de créer ensemble des œuvres vidéographiques numériques en trois semaines. Le résultat — les œuvres — fut présenté publiquement à la fin de chaque session d’atelier-studios, soit dans une salle de visionnement ou une salle d’exposition à l’Université des Beaux-Arts de Nanjing, au Chronus Art Center à Shanghai, au Musée Inside-Out à Beijing et au U & M Space à Guangzhou.

Annie Perreault

Abécédaire du voyage en vingt-six cartes postales

Lecture de 26 cartes postales manuscrites formant un abécédaire bien personnel du voyage. Une exploration composée de courts récits de voyage, de réflexions et d’inventaires qui sont autant d’occasions d’interroger le rapport au voyage et à la création à partir de 26 mots, d’Archéologie à Zone. La carte postale s’inscrit dans un rituel du voyage, un moment où l’on s’arrête pour produire un court récit sur un rectangle de carton qui, contrairement au courriel, porte des traces matérielles (ratures, plis, déchirures, aspect de l’encre, décoloration), des traces du voyage, du transport postal. C’est une écriture de contraintes et de spontanéité: il n’y a d’espace que pour quelques mots sur la surface restreinte d’une carte postale… comment écrire dans un élan?

Josiane Fortin

Création chorégraphique et météorologie du corps

À partir de l’expérience que j’ai vécue à titre de participante d’un stage de Body Weather (Météorologie du corps) avec Frank van de Ven à Cornwall, en Angleterre, ma communication abordera la création chorégraphique telle qu’expérimentée dans un contexte de voyage, à travers des journées de marche collectives et des explorations en mouvement réalisées près de falaises rocheuses surplombant la mer celtique. J’expliquerai comment ce type de processus de création intensif encourage de nouvelles potentialités, telles que des changements de perspectives en ce qui a trait à la temporalité et la spatialité; un nouvel usage de la sensorialité; des questionnements sur la cartographie du corps; ainsi qu’une suspension des conventions sociales et quotidiennes, par le biais d’une liminalité où prévalent: l’inconditionné, l’absence de hiérarchie prédéterminée (Turner, 1990) et l’absence de fixité (déplacement constant du lieu de création, errance, nomadisme).

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