Colloque, 29 mai 2015

La robe, symbole et significations

Léonie Lauvaux
couverture
Héritages de Claude Cahun et Marcel Moore, événement organisé par Andrea Oberhuber et Alexandra Arvisais

La communication que je propose concernant l’héritage de Claude Cahun et Marcel Moore portera sur l’apparition d’un vêtement, la robe, dans la pratique photographique des artistes et la reprise de ce symbole de féminité par les artistes contemporains.

Le sens premier du mot «robe» étant un «vêtement féminin composé d’un corsage et d’une jupe d’un seul tenant» (Petit Larousse, 2009), la robe est un apanage strictement féminin. Les robes, courtes, longues, droites, aussi diverses soient-elles sont donc tout autant de représentations du «féminin». Nous entendrons ici par «féminin» (toujours selon le Petit Larousse), «qui manifeste des caractères considérés comme propres à la femme». Cette définition est à mon sens excluante et réductrice, ne considérant l’entité «femme» que comme un être humain cisgenre, c’est-à-dire de sexe biologiquement déterminé comme féminin. Cette définition exclue de fait les personnes transgenres, hermaphrodites ou intersexuées.

Pourtant, Claude Cahun, qui ne se sent ni homme ni femme, se présente en robe dans l’Autoportrait en costume de Barbe Bleue en 1929. La robe est longue, le buste corseté. Mais en réalité, l’artiste ne se présente pas ici en femme: elle donne simplement l’illusion d’être une femme. Par le travestissement, elle se fait mascarade du féminin. Claude Cahun va ouvrir la voie du questionnement sur ce qu’être femme veut dire, d’autant plus quand on est «artiste-femme».

C’est comme cela que dès les années 1960, parallèlement aux revendications féministes, la robe se voit de nouveau utilisée par les plasticiennes comme Orlan qui mesure l’espace public dans une robe fabriquée dans les draps de son trousseau. Elle apparaîtra également chez Annette Messager et Marie-Ange Guileminot, linceul ou bien prothèse, et sera matière à travestissement chez La robe est à penser au-delà de ses fonctions utilitaires, couvrir le corps des femmes, et sera l’objet d’une analyse des symboles qu’elle représente en terme d’identité et d’émancipation chez Cahun et ses héritier(e)s.

Léonie Lauvaux est doctorante en arts plastiques à l’Université de Rennes II. Sa thèse porte sur la perturbation et l’hybridation du genre dans les pratiques textiles contemporaines.

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