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Les phasmes de la fin. Anticipations, révélations et répétitions dans «Le Petit Köchel» de Normand Chaurette

Bertrand Gervais
couverture
Article paru dans Des fins et des temps: les limites de l’imaginaire, sous la responsabilité de Jean-François Chassay, Anne Élaine Cliche et Bertrand Gervais (2005)

La fin. C’est à imaginer ses pourtours sans cesse évanescents que l’imaginaire de la fin s’emploie. Où commence la fin, où se termine-t-elle? Comment imaginer ce qui, par définition, résiste à toute perception? Et de quelle fin parlons-nous? De celle, collective, qui embrasse le monde entier? De celle, individuelle, qui secoue son monde à soi, sa vie, dans des apocalypses intimes? La fin n’est jamais qu’un fantasme, elle ne se présente pas comme un objet plein aux contours saillants, mais demeure une perception incertaine, une appréhension. Elle se manifeste comme un ensemble de signes et d’indices, un événement imminent. Un événement qui ne peut jamais advenir, à moins d’annihiler le sujet qui l’anticipait. Nous pouvons nous en approcher, sentir les premières approches de son souffle, mais nous ne pouvons jamais aller plus loin qu’au seuil de la rupture. La fin est à imaginer, en une totalité qui saura faire écran, et ses implications sont à organiser en un horizon qui servira de support à l’attente. Imaginer l’apocalypse, en ce sens, est une façon de se venger à l’avance de sa propre mort et d’en refuser du même coup la dimension individuelle, singulière. Le sujet ne meurt jamais seul, il entraîne avec lui son monde, qui ne peut résister à la catastrophe et s’effondre dans le mouvement même emportant son auteur.

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